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L’hécatombe sociale

La liquidation judiciaire de Général Tire a été ressentie dans le milieu des travailleurs comme la fin d’une époque et le début d’une autre plus difficile. Personne parmi les plus pessimistes ne pouvait imaginer que ce géant américain puisse s’écrouler un jour d’une manière aussi brutale.
Cette multinationale avait longtemps affiché une si bonne santé au Maroc que ses employés étaient considérés comme des privilégiés. En plus de l’usine de Casablanca, cette société disposait de plusieurs points de vente à travers le Maroc qui a rehaussé le nombre de ses employés jusqu’à atteindre le chiffre global de 2800. Mais d’un jour à l’autre tous ces salariés se sont retrouvés sans ressources et avec eux des milliers de personnes de leurs familles. Le code du commerce et sa loi sur le redressement judiciaire a fini par venir à bout des mois de sit-in de plusieurs centaines de travailleurs. Une procédure qui a englouti les employés dans la masse des créances insolvables de la société sans que leur indemnisation ne soit garantie comme auparavant. Le chef d’entreprise en difficulté financière réelle ou supposée n’a qu’à recourir au juge pour mettre tout à l’eau y compris les hommes et les femmes. Même des sociétés étatiques ont succombé à la tentation de la liquidation judiciaire qui leur évite les affres de conflits sociaux et autres charges financières. C’est le cas de la société ICOZ dont les responsables se sont débarrassés de près de 1.000 ouvriers dans les deux unités de Oued Zem et de Kasbah Tadla. Pourtant, il s’est avéré que la situation difficile dans laquelle se départissait la société résultait beaucoup plus de détournement des deniers publics que pour des raisons économiques. Cette affaire a occupé pendant un certain moment les devants de l’actualité et mobilisé les syndicats, mais la loi de la liquidation judiciaire a finalement eu le dessus sur toutes formes de résistance.
Il en est de même pour les dizaines d’usines de textiles qui ont fermé leurs portes à Casablanca, Fès, Mohammédia et ailleurs. Rien que dans ce secteur on évoque le chiffre de 7.000 à 8.000 licenciements, suite à une procédure de redressement judiciaire. Une véritable hécatombe sociale.

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