L’infertilité est un problème de santé publique qui continue de passer sous silence. «Au Maroc, l’infertilité touche un couple sur sept soit 17% des couples en âge de procréer», affirme Pr Omar Sefrioui, gynécologue- obstétricien. Et d’ajouter : «l’infertilité se définit par l’absence de conception après au moins douze mois de rapports sexuels réguliers et non protégés. Par le terme régulier, il faut entendre au minimum deux à trois rapports par semaine».
Les causes du problème peuvent provenir de la femme comme de l’homme. La responsabilité face à l’incapacité à concevoir est partagée de manière égale entre les deux conjoints (30% pour chacun d’eux). De nombreux facteurs contribuent à la baisse de la fertilité aussi bien chez l’homme que chez la femme. «Le recul de l’âge du mariage est un facteur qu’il faut prendre en considération. Celui-ci a reculé de huit ans. Les personnes se marient de plus en plus tardivement soit à partir de 28-29 ans», note Pr Sefrioui. A noter qu’au fur et à mesure que l’âge avance, les chances de grossesse s’amenuisent de façon très importante et il y a une augmentation des fausse couches. Outre l’âge, le célibat des femmes, la disponibilité de contraceptifs de plus en plus efficaces, le tabac, l’obésité, la pollution, il existe des origines plus rares de l’infertilité. Celles-ci sont génétiques, congénitales, fonctionnelles (absence de spermatogenèse) ou bien accidentelles (détérioration de l’appareil génital suite à un grave traumatisme). Chez la femme, les troubles de l’ovulation constituent la cause la plus fréquente d’infertilité. C’est souvent l’absence ou l’irrégularité des règles qui permettent de cerner ce genre de problèmes. Certaines maladies du col de l’utérus (infection de la glaire du col utérin) ou vaginale (infection à Chlamydia) peuvent obstruer partiellement ou totalement les trompes et empêcher le passage des spermatozoïdes. Le problème de production des spermatozoïdes constitue le cas le plus courant de stérilité chez l’homme. Dans ce cas, les spermatozoïdes peuvent être de formes anormales ou incapables de se déplacer correctement. Il est aussi possible qu’ils soient sains, mais en quantité insuffisante.
Pour ce qui est des traitements disponibles, de nouvelles techniques regroupées sous l’appellation «d’assistance médicale à la procréation» ont donné des résultats satisfaisants.
Le Maroc dispose actuellement de seize centres de procréation médicalement assistée.
La stérilité n’est pas sans retombées. Celle-ci est souvent responsable de divorce, d’exclusion et de graves troubles psychologiques. «Les femmes infertiles souffrent la plupart du temps de troubles anxieux et dépressifs», souligne Pr Sefrioui. En l’absence d’études sur le sujet au Maroc, une étude tunisienne a néanmoins permis d’identifier une dépression dans 46,6% des cas et une anxiété dans 42,9% des cas. 43,8% des femmes interrogées ont également avoué qu’elles souffrent d’une insatisfaction conjugale. L’enquête a révélé, par ailleurs, que 53,3% des femmes stériles ont une mauvaise capacité d’adaptation psychologique à l’infertilité.