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L’Irak dans l’oeil du cyclone

Bush a affirmé, mercredi 13 février, qu’il n’excluait aucun type d’action à l’encontre de Saddam Hussein, mais que, à ce stade, il n’entendait pas dévoiler ses intentions. Washington justifie une éventuelle opération militaire anti-irakienne par le refus de Baghdad d’autoriser le retour des inspecteurs de l’ONU en désarmement en Irak, qu’il accuse d’avoir développé son programme d’armes de destruction massive en l’absence de ces inspecteurs, retirés du pays fin 1998.
Saddam Hussein a nié samedi que l’Irak cherchait à se doter de telles armes. Des propos vite rejetés le lendemain par le secrétaire d’Etat américain Colin Powell, qui parle de «menace claire et immédiate».
Ce à quoi un journal irakien a répondu en écrivant que l’Irak n’était pas en mesure de menacer les Etats-Unis, mais que c’était tout à fait le contraire qui est vrai. Sous le titre «Qui menace qui?», As-Saoura (officiel) ajoute que le régime du président Saddam Hussein ne fait que «chercher à se débarrasser des menaces et des agressions» des Etats-Unis, lesquels tentent de trouver «des prétextes pour élargir leur complo» contre l’irak. Revenant à la charge, le vice-président américain Dick Cheney a défendu lundi devant des militaires les déclarations de Bush. «Les remarques du président ont causé une certaine inquiétude dans certains milieux, mais la plupart des américains trouvent rassurant d’avoir un commandant en chef qui dit la vérité et qui pense ce qu’il dit».
Une position qui trouve un écho à Londres, dont le vice-Premier ministre britannique John Prescott a estimé lundi à Manama que l’Irak était tenu de se conformer aux résolutions de l’ONU, notamment celle relative à l’élimination des armes de destruction massive. «Le secrétaire général de la Ligue arabe (Amr Moussa) avait dit qu’il voulait davantage d’entretiens (avec les autorités irakiennes) (…) aussi devons-nous attendre et voir», a ajouté M. Prescott, qui a par ailleurs refusé de préciser la position de son pays concernant les menaces américaines contre l’Irak.
Pourtant, la position américaine semble se heurter à quelques réticences, puisque le gouvernement canadien a clairement affirmé lundi qu’il ne céderait pas aux pressions de Washington, qui cherche à trouver des alliés pour une éventuelle intervention militaire en Irak. «Nous décidons nous-mêmes ce que nous ferons», a affirmé le vice-Premier ministre canadien John Manley à la sortie de la Chambre des communes. Il a ajouté que le Canada a envoyé des soldats en Afghanistan mais qu’il n’interviendra pas dans un autre pays sans au moins un cadre juridique international. Pour sa part, le Premier ministre canadien, Jean chrétien s’est montré fataliste, en affirmant que les alliés de Washington dans la coalition internationale contre le terrorisme ne pouvaient pas empêcher les Etats-unis d’agir seuls…
La France, qui a exprimé jeudi le souhait que les Etats-Unis se concertent avec leurs alliés et partenaires, en particulier les membres permanents du conseil de sécurité, sur leur attitude à l’égard de l’Irak, a vite été fustigée par Colin Powell à travers Hubert Védrine, le ministre des Affaires étrangères, accusé d’avoir « des vapeurs », lorsqu’il a dit que l’expression «axe du mal» était quelque peu simpliste. Pour sa part, le président russe Vladimir poutine s’est élevé vendredi contre «les accusations de complicité de terrorisme portées contre des nations et des Etats», dénonçant implicitement le concept de «l’axe du mal». La Russie veut mettre l’accent sur le rôle de l’ONU et du Conseil de sécurité dans la guerre des nerfs engagée avec l’Irak.
De son côté, le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a déclaré lundi soir à Rome qu’il entendait continuer jusqu’à nouvel ordre «la politique du dialogue» avec l’Irak. «Nous espérons qu’il existe des marges de manoeuvre pour le dialogue. George W. Bush, dont Silvio Berlusconi se flatte d’être un allié fidèle, a adressé à plusieurs reprises ces derniers jours des avertissement à l’Irak contre une attaque américaine. L’Egypte, par la voix d’Ahmed Maher, le ministre des Affaires étrangères, estime, pour sa part, qu’ «il est temps de réviser les sanctions imposées à l’Irak», en soulignant toutefois que Baghdad «doit se conformer aux résolutions de l’ONU et prendre des mesures visant à rassurer ses voisins (…) ». M. Maher avait déclaré la semaine dernière qu’une frappe américaine contre l’Irak serait «une erreur» et diviserait la coalition antiterroriste dirigée par les Etats-Unis. La Syrie se dit également opposée à toute action militaire contre l’Irak. Le président Bachar Al-Assad l’a affirmé dans une interview au quotidien italien Corriere Della Sera publiée dimanche par la presse syrienne. «Je ne pense pas qu’il soit dans l’intérêt des Etats-Unis de provoquer davantage de tension et de trouble», a-t-il ajouté, estimant que «frapper l’Irak serait contraire» à la volonté américaine de combattre le terrorisme. Pour sa part, le Soudan estime que «si l’Irak est attaqué aujourd’hui, le Soudan le sera demain et les autres pays arabes le seront après-demain».
Même son de cloche en Iran, dont le chef de la diplomatie Kamal Kharazi a réitéré lundi son opposition à une attaque américaine contre l’Irak, demandant à l’ONU de jouer «un rôle plus actif» pour éviter un conflit. L’ONU dont le Comité des sanctions, bloque, selon le ministre irakien du Commerce Mohammed Mehdi Saleh, sous la pression de Washington et Londres, des contrats d’une valeur de plus de 8 milliards de dollars, dans le cadre du programme «pétrole contre nourriture».

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