Le Conseil de sécurité doit reprendre aujourd’hui ses discussions à huis clos sur le Sahara marocain pour décider du renouvellement du mandat de la Minurso qui arrive à expiration le 31 courant. Depuis quelques jours, les tractations battent leur plein au sein de l’ONU sur les différentes options de résolution proposées auparavant par le Secrétaire Général, Koffi Anan. le Maroc, qui a accepté de négocier sur la base de l’accord-cadre selon la résolution n°1359 du Conseil de sécurité du 29 juin 2001, rejette toute autre proposition qui met sa souveraineté en ballottage.
Cette option qui a eu le soutien des Etats-unis lors de la dernière session d’Avril dernier, a été sabordée par la Russie et la Chine, membres permanents du conseil de sécurité, pour faire plaisir à leur allié, l’Algérie. On croyait à l’époque que le semi-échec des Etat-unis n’est que partie remise pour que son plan soit voté lors de la session actuelle. Mais c’était sans compter sur la hargne des généraux algériens qui ont déployé, comme d’habitude, leur armada diplomatique, pour contrecarrer l’option de l’autonomie approuvée par le Maroc. Depuis plus d’un quart de siècle que les Algériens jouent à ce jeu perfide de la manipulation, ils sont devenus maîtres en l’art de saborder toute solution qui ne répond pas à leurs pulsions hégémoniques. Sentant que le vent allait souffler dans le sens contraire de leurs visées, ils ont suggéré à la Russie de mixer le plan de James Baker avec l’option initiale du referendum.
Des projets tout à fait inconciliables. Mais il est clair que cette énième stratégie algérienne ne vise qu’à retarder indéfiniment toute solution politique quitte à mettre fin à la mission de la Minurso. Les visées algériennes qui ont été confessées par Bouteflika au secrétaire général de l’ONU sur la partition du Sahara marocain ne trompent plus personne. L’Algérie, qui parraine le Polisario depuis qu’il l’a enfanté, n’a pas déployé tous ses moyens financiers et diplomatiques pour le sacro-saint principe de la décolonisation. Cela aurait été trop beau pour un pays qui vit une guerre civile larvée depuis dix ans et qui s’entête à soutenir un groupuscule de séparatistes aux dépens du drame de tout un peuple. Mais comme la junte algérienne est trop aveuglée par ses intérêts personnels, elle n’a pas hésité à dévoiler ses vraies cartes en réclamant haut et fort sa part dans le Sahara marocain.
Pour ce faire, les dirigeants algériens ont essayé de brouiller les cartes par la mise en circulation d’un projet de résolution qui met de l’huile sur le feu. Ce projet, qui va à l’encontre des voeux du secrétaire général et de son envoyé spécial, James Baker, est en fait une cinquième option qui fusionne l’accord-cadre avec le plan de règlement référendaire. Un cocktail explosif que l’Algérie a soufflé à la Russie pour que cette dernière tente de l’associer au projet soutenu par les Etat-Unis, qui stipule l’autonomie sous la souveraineté marocaine. Cette tentative de sabordage a été vigoureusement rejetée par le Maroc par l’intermédiaire de son représentant permanent, Mohamed Bennouna.
Ce dernier a adressé un message au président du conseil de sécurité dans lequel il affirme que cette démarche est vouée à l’échec et ne peut qu’hypothéquer les chances d’aboutir à une solution de ce conflit. La tentative algérienne risque inéluctablement de faire tomber à l’eau tous les espoirs qui reposent sur l’option de l’accord-cadre. Ce faisant, les observateurs considèrent que les membres du conseil de sécurité n’arriveront jamais à concilier l’inconciliable lors de cette session. Il est donc de plus en plus inévitable que l’on s’achemine vers une prolongation du mandat de la mission de la Minurso en attendant des jours meilleurs. Force est de constater que le seul gagnant, encore une fois dans cette bataille, demeure la diplomatie algérienne dont la stratégie d’attaque s’avère toujours payante face à la tactique défensive de son homologue marocaine. Il faut se rendre à l’évidence et convenir que sur ce terrain-là, les Algériens nous donnent des leçons d’efficacité offensive qui ont fait leur preuve. Malheureusement, la diplomatie marocaine semble restée figée dans ses principes malgré les percées perspicaces qu’elle a opérées ici et là. Mais tous ces efforts restent en dessous des moyens et des méthodes colossaux employés par nos adversaires.
La diplomatie marocaine n’aura pas la force de frappe nécessaire pour faire prévaloir nos droits, si elle n’est pas appuyée d’une manière soutenue par les forces vives de la nation. On constate hélas que les responsables du ministère des affaires étrangères préfèrent les courses individuelles à celles par équipe. Or notre cause nationale a besoin d’une mobilisation nationale, non pas à l’intérieur, parce qu’elle a été toujours acquise, mais elle devrait se déployer à l’extérieur à travers les chefs de partis et les forces démocratiques. La célèbre phrase de feu S.M. Hassan II, qui comparait la politique au football en disant que pour mieux se défendre, il faut attaquer, n’a jamais été aussi vraie qu’aujourd’hui. Or on n’attaque pas avec un individu ou deux, car le pressing se fait avec plusieurs coéquipiers et sur tous les fronts. Ce qui n’est pas le cas malheureusement pour notre pays quand on connaît l’objet de l’altercation qui a opposé Mohamed Elyazghi à Mohamed Benaïssa. Le premier a reproché au deuxième de ne pas avoir mis le gouvernement au courant des péripéties de l’affaire de l’Ilot de Leïla. Notre diplomatie n’a pas besoin d’être cantonnée dans un département ministériel car les enjeux de notre intégrité territoriale dépassent les personnes et concernent toute une nation. Et le Sahara marocain est l’une de nos principales causes nationales pour lequel beaucoup de soldats ont payé de leurs vies, soit en tombant dans les champs d’honneur, soit par l’emprisonnement qui dure depuis plus d’un quart de siècle. Face aux coups de boutoir de nos ennemis, il ne suffit pas que le ministre Elyazghi effectue une visite en chine quelques jours avant la réunion du conseil de sécurité. La diplomatie permanente et percutante veut que toutes les personnalités incarnant les forces vives participent sans relâche à la sauvegarde des intérêts vitaux de la nation.