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L’Union Européenne, malgré Sharon

Si jeudi, elle a fait mine de ne pas se sentir bafouée, l’Union Européenne ne pouvait pas en rester là. Dimanche, à la suite d’une rencontre avec plusieurs ambassadeurs de la Ligue arabe à Bruxelles, le ministre belge des affaires étrangères Louis Michel a en effet déclaré que les Quinze ne pouvaient « pas laisser passer le camouflet diplomatique» infligé la semaine dernière par Ariel Sharon. « La Belgique estime que le geste de M. Sharon (…) est un geste grave qui appelle une réaction de l’UE », a-t-il expliqué, ajoutant que « c’est un camouflet diplomatique, qui n’est pas anodin, que l’UE ne peut accepter, ne peut pas laisser passer ».
L’affront en question remonte à jeudi dernier lorsque le ministre espagnol des affaires étrangères, Josep Piqué, et le haut représentant de l’UE pour la politique extérieure, Javier Solana, se sont rendus au Proche-Orient. Envoyés en mission par les Quinze réunis la veille à Luxembourg, ils ont dû écourter leur rôle de médiateurs pour la paix lorsque Ariel Sharon leur a refusé le droit de se rendre au QG du président Arafat.
Tout juste après s’être entretenus avec Shimon Pérès, les deux hommes ont repris leur valise diplomatique avec pour seul commentaire, l’annulation d’une rencontre prévue avec le chef du gouvernement israélien.
Le soufflet aurait d’ailleurs pu passer plus inaperçu si M. Sharon n’avait pas poussé la plaisanterie jusqu’à accorder un tel laisser-passer à l’émissaire américain Anthony Zinni le même jour ! Réagissant à la provocation, le chef du gouvernement espagnol José Maria Aznar, dont le pays préside actuellement l’Union européenne, s’est pourtant contenté de juger «erronée» la décision de son homologue israélien.
«Ce qui manque au Proche-Orient, c’est la volonté », a ajouté M. Aznar tout en rappelant que les Quinze continueraient « de faire tous les efforts possibles pour trouver une solution à cette situation ». Samedi, le ton était cependant plus vindicatif lors d’une intervention du président de la Commission européenne.
Romano Prodi a bien insisté : les Européens doivent jouer un rôle dans les négociations visant à mettre fin à la crise. Il a ajouté qu’il était important de « ne pas changer d’interlocuteur au milieu de la crise », autrement dit de respecter le statut de Yasser Arafat. «J’ai été triste d’apprendre que les émissaires européens n’avaient pas pu rencontrer M. Arafat », a renchéri M. Prodi, tout en défendant le don de quelque 56,8 millions d’euros récemment concédé par l’UE à l’Autorité palestinienne. Dimanche, le message est finalement devenu plus menaçant, l’Europe ayant fini par évoquer des sanctions. Josep Piqué a qualifié de « scénario possible » des mesures contre Israël en cas de refus persistant à retirer ses troupes des territoires palestiniens. « Certains pays sont en faveur (…) de sanctions très rapidement, d’autres sont plus réticents. Nous devons en discuter», a indiqué le ministre espagnol. « La question est très, très complexe. Mais le plus important maintenant est de se concentrer sur un cessez le feu », a-t-il ajouté. Il a également confirmé qu’une réunion se tiendrait demain à Madrid avec Colin Powell, Kofi Annan, Javier Solana et Igor Ivanov,. « Les Etats-Unis ont une influence véritable sur Israël, a reconnu M. Piqué, mais l’Europe, à son tour, dispose d’une forte crédibilité auprès de l’Autorité Palestinienne ».

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