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L’USFP à l’épreuve du pouvoir

Usure du pouvoir ou usure de l’opposition ? Quand on évoque le parti de l’Union socialiste des forces populaires (USFP ), à la tête de la coalition au pouvoir depuis 4 années, force est de constater que les deux cas de figure se présentent avec autant de pertinence.
Pour beaucoup, l’USFP fait figure de cet étudiant brillant, qui diplômé haut la main, a dû attendre longtemps, trop longtemps, avant de se voir proposer un job à la mesure de sa compétence. Du coup, le premier jour de sa prise de fonctions, il s’aperçoit avec effroi que sur le terrain de la réalité, les théories avec lesquelles il a longtemps jonglé, les données parfaitement assimilées pour avoir été, des années durant, ressassées, se prêtent difficilement à la pratique.
C’est ce qui arriva à de nombreux responsables de l’USFP. Longtemps tribuns incollables sous la coupole, du temps de la confortable opposition, ils durent, une fois aux commandes, prêter le flanc aux mêmes critiques qu’en d’autres temps ils dispensaient avec générosité à leurs détracteurs d’aujourd’hui. Fathallah Oualalou, argentier du royaume, brillant économiste et pointure considérable de l’USFP, en sait quelque chose. Lui qui a pratiqué avec maestria les labyrinthes tortueux de lois de finances de ses prédécesseurs, en décelant les failles avec la précision et la rigueur du géologue confirmé. Ce fut le cas également des autres poids lourds de l’USFP, membres du premier gouvernement Youssoufi et qui durent, du jour au lendemain, faire face aux réalités du terrain, tout en s’accommodant d’un héritage, qui, bien que systématiquement et vigoureusement renié, n’en était pas moins un paramètre « insimplifiable » de l’équation. Habib Malki et Khalid Alioua, usfpéistes renommés et détenteurs de méga-portefeuilles du gouvernement de l’alternance, en firent les frais.
Autant dire que la gestion des affaires de l’Etat, n’aura pas amené que du bon pour l’USFP. Trois années d’exercice effectif du pouvoir étaient à peine écoulées, que la structure du parti chancela dangereusement à l’occasion du 6 ème congrès de mars 2001. Le parti payait sa première facture. La mésentente, longtemps confinée par un profond sentiment d’appartenance fondu dans le creuset de longues années d’opposition, éclate au grand jour. L’intensité de la contestation est à la mesure de la dizaine d’années qu’il a fallu attendre pour ceux qui avaient leur mot à dire. Si entre-temps, le parti est parvenu aux ren es du pouvoir, cela ne donne qu’une occasion supplémentaire de contester la gestion, le bilan et la déception, inévitable, de tant d’espoirs.
Une brèche tellement grande que les nombreux contestataires, Noubir Amaoui, leader de la CDT et enfant terrible du parti en tête, auraient dû se faire violence pour ne pas investir. Ils ne se sont pas donné cette peine. Dès la séance d’ouverture, ce fut un concert de fausses notes, qui devait fatalement se solder par le retrait des musiciens qui n’avaient pas la « bonne » partition. Il en fut ainsi. Dans la foulée, le parti de Me Youssoufi rompait dans la douleur quelques nouvelles fibres du cordon ombilical qui le reliait à sa jeunesse. Deuxième facture, lourde à honorer celle-là, de l’exercice du pouvoir.
Paradoxalement, ce mouvementé 6 eme congès, fut en quelque sorte le point culminant de la délivrance. Un pic de douleur qui augurait du relâchement, finalement bien mérité. Délivré de tous les tracas d’une longue gestation, l’USFP peut désormais évoluer plus librement. A mesure que sa convalescence va à son terme. D’ici le cap de septembre 2002, il aura sans doute recouvré toutes ses forces. Avec à la clé, la satisfaction d’avoir, sinon réussi, du moins initié la transition démocratique du pays. Celle-là même dont il assura l’engagement et paya le lourd tribut.

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