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Lutte antiterroriste : pourquoi Alger veut cacher au monde ce qui se passe au Sahel ?

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L’examen des moyens de renforcer la lutte dans le Sahel contre Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) est à l’ordre du jour. Une réunion du Groupe d’action antiterroriste des pays du G8 (CTAG) s’est ouverte à cet effet, mercredi 13 octobre, à Bamako. Des représentants du G8 (Etats-Unis, Russie, Japon, Canada, France, Grande-Bretagne, Italie et Allemagne), ainsi que de l’Union européenne, la Suisse, l’Espagne et l’Australie ont participé à cette réunion d’experts en plus de plusieurs pays de la région notamment le Maroc, la Mauritanie, le Niger, le Burkina Faso, le Sénégal et le Nigeria. Durant deux jours, des experts ont abordé plusieurs points notamment la question du contrôle des frontières et du rôle que doivent jouer dans le combat anti-Aqmi l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Sans surprise, l’Algérie a refusé de participer à cette réunion. L’argument avancé par l’Etat algérien est qu’il ne souhaite pas l’implication de pays qui sont étrangers à la lutte contre l’Aqmi qui est de ce fait l’affaire des seuls pays du Sahel concernés.
La position algérienne à l’égard de la réunion de Bamako a été clairement mise en exergue par le quotidien algérien l’Expression dans son édition du jeudi 14 octobre. «En invitant des experts et spécialistes des pays du G8 à discuter des moyens de lutte contre l’Aqmi au Sahel, Bamako ouvre grands les bras aux puissances étrangères pour s’impliquer au Sahel. De ce fait, le Mali invite, indirectement, les Occidentaux à s’ingérer dans les affaires de la région. Or, les pays formant l’alliance anti-Aqmi au Sahel, à savoir l’Algérie, la Mauritanie, le Niger, le Mali ou encore le Tchad, la Libye et le Burkina Faso, adoptent le principe de non-ingérence étrangère dans la bande sahélo-saharienne (…) C’est la raison pour laquelle, les experts algériens n’avaient pas pris part à cette réunion», lit-on dans le journal, ajoutant qu’outre «les puissances étrangères, des pays qui ne sont liés ni politiquement ni géographiquement à la région y participent, à l’image du Maroc». Il faut rappeler que l’Algérie n’avait pas convié le Maroc à prendre part à la conférence régionale sur la coopération en matière de lutte contre le terrorisme de la région sahélo-saharienne qui a eu lieu mardi 16 mars à Alger. Selon les observateurs, ce qui a mis le régime algérien en colère, c’est le fait que des Etats comme le Niger, la Mauritanie et le Mali, membres du commandement militaire conjoint qu’abrite l’Algérie, ont tourné le dos à cette dernière et semblent ne plus être convaincus par la stratégie algérienne consistant à monopoliser la lutte antiterroriste au détriment de la coopération internationale. Ceci dit, contacté par ALM, le politologue Mohamed Darif estime que la réunion de Bamako discrédite la stratégie algérienne de lutte antiterroriste. «Le boycott par l’Algérie de la réunion de Bamako ne s’explique pas par le fait de la présence du Maroc lors de cette réunion. L’Algérie n’était pas aussi présente lors de la réunion ayant rassemblé sept pays du Sahel en plus des Etats-Unis en avril 2010 et à laquelle le Maroc n’a pas participé. En fait, nous sommes en face de deux stratégies pour la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel. Il y a la stratégie algérienne qui refuse l’ingérence des Etats occidentaux à la lutte antiterroriste. C’est dans ce sens que les états-majors des armées du Mali, du Niger, de l’Algérie et de la Mauritanie se sont réunis à Tamanrasset où a été établi un commandement militaire conjoint. A travers cette démarche, l’Algérie tend à monopoliser la gestion du dossier de la lutte antiterroriste et donner par la même une dimension géographique à la lutte contre l’Aqmi dans la région. La deuxième stratégie soutenue par les Etats-unis met l’accent sur la nécessité de la coopération internationale très large pour lutter contre l’AQMI étant donné que le danger terroriste transcende les frontières», indique Mohamed Darif, politologue. Et d’ajouter : «Nous assistons donc à deux stratégies. Mais à travers cette réunion de Bamako, les Etats de la région du Sahel ont démontré qu’ils estiment la stratégie algérienne inutile pour lutter contre le danger de l’Aqmi d’une manière efficace. La participation du Mali, du Niger et de la Mauritanie, des pays membres du commandement militaire conjoint établi à Alger à la réunion de Bamako, montrent que ces Etats ne croient plus à la pertinence de la stratégie algérienne». Un coup dur pour le régime algérien qui s’obstine à vouloir cacher ce qui ce passe dans cette région du monde. Une zone devenue au fil des années une vraie poudrière.

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