Couverture

Maâlem Hammou, ou le marché du terrorisme

Il avait tout pour attirer l’attention. Il avait tout pour ne pas inspirer confiance. Et pourtant, pendant des semaines, voire des mois, il était bien installé dans son commerce à la ‘’souika’’ de Sidi Maârouf Oulad Haddou. Lui, c’est Kébir Goumara, un des marchands de la mort incarcéré après que sa photo ait été publiée par les services de la police. Il serait l’un des cerveaux du groupe terroriste qui a ensanglanté Casablanca, le 16 mai.
Tout a commencé par l’avis de recherche contre neuf suspects lancé par les autorités. Il s’agit de Mokhtar Baoud, Abdelouahab Rebaay, Saâd Houssaini, Youssef Addad, alias Abdelkébir, Goumara Kébir, Abdelaziz Habbouch, Aziz El Houmani alias «Abou Hafs», alias «Abou Anas», alias «Abou Dar», Karim El Mejjati, alias «Abdelkrim», alias «Abou Ilyass» et Abdelmalek Bou-zgarne. Vingt-quatre heures après, on apprend l’arrestation de Goumara.
Les vendeurs ambulants des parages le connaissaient. Les vendeurs de tissus et autres vêtements aussi. Les habitants qui font leurs courses dans ce marché du quartier populaire ne l’oublieront pas de sitôt. Sa présence, souvent à l’entrée du marché, ses cassettes audio à haute voix interpellent les passants. Ce n’était ni du Coran, ni de l’Islam. Plutôt ces cassettes qui prêchent l’horreur et le fanatisme. Et pourtant, lui, n’était pas vendeur de ces cassettes. Plus grave, il était. Plus dangereux, on l’a compris quand sa photo est parue dans certains journaux.
Les ménages qui avaient besoin de bricoler leur chauffe-eau, c’est vers mâalem Hammou, qu’ils se dirigent. Pas cher et professionnel. A l’aide de sa bonbonne de gaz, il parvient à souder ou ressouder les ustensiles de cuisine. Et quoi encore, là est la question.
Parce que mâalem Hammou, c’est aussi le vendeur du matériel de ferraille, tous genres : couteaux, haches, boulons, pelle, tire-bouchons et j’en passe. Sa tente était pleine de ces objets qui servent aussi bien pour faciliter la vie que pour donner la mort. Et la mort, on en a vu ce 16 mai.
Comme dans le genre de commerce que pratique officiellement Goumara, on n’est pas obligé de rester sur le même lieu, lui aussi se déplaçait. Une semaine d’absence, et le revoilà de retour. Sa guitoune toujours pleine.
Parfois la cassette fait défaut, mais l’ambiance est la même. Parlant à voix basse, conciliant à souhait, serviable à merci, maâlem Hammou a l’air du commercial bien dans sa peau. «Oui Lalla, à votre service ». « Pas de problème Sidi, vous payerez demain ou la semaine prochaine. On est des frères, non ! »
Bizarrement, si Hammou ne refusait pas de rendre service aux femmes pas du tout voilées. Il leur vendait ce dont elles ont besoin, sans rechigner. Sourire aux lèvres, raconte une habituée du lieu. «Son regard était perçant et ses mots pas du tout intégristes », renchérit-elle.
Mâalem Hammou, ce n’est pas uniquement les objets déposés à même le sol sous la tente. C’est aussi et surtout peut-être la grande voiture utilitaire, une ancienne marque genre Saviem, d’une blancheur bien sale, qui cache tout le reste. Une véritable camionnette où rien n’est visible, exception faite de la cabine du chauffeur. Qu’y avait-il de caché dans ce tombeau roulant ?
Personne ne pouvait deviner quoi que ce soit d’illégal ou de dangereux. La question reste posée.
marié, père de trois enfants, Maâlem Hammou n’habitait pas le quartier de Sidi Maârouf. Il s’adonnait à son commerce depuis des années. L’enquête révèlera sûrement d’autres faces cachées de Si Lékbir.

Related Articles

ActualitéCouvertureUne

Industrie de défense : les Britanniques arrivent

Des accords avec le Maroc viennent d’être annoncés par le Royaume-Uni impliquant...

CouvertureEconomieUne

Flotte d’avions : la RAM mise sur le leasing

«Cet accord marque le début d’un nouveau partenariat entre DAE et Royal...

CouverturePolitiqueUne

Vers un code de la fiscalité des collectivités territoriales

Le ministère de l’intérieur prépare un projet à l’instar du Code général...

ActualitéCouvertureUne

Sahara marocain : Le Royaume-Uni annonce son soutien au plan d’autonomie

Diplomatie. Une nouvelle ère commence pour le partenariat entre le Maroc et...