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Madrid dévoile son jeu

Les manoeuvres autour du Sahara marocain ont repris ces derniers jours. Les hostilités ont été ouvertes par la déclaration du représentant espagnol auprès de l’ONU qui privilégie officiellement le plan du règlement de 1991 (référendum d’autodétermination) au détriment de la troisième voie (autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine). Voilà donc que Madrid rejoint brutalement la position algérienne en s’érigeant ouvertement en adversaire de l’intégrité territoriale du Maroc. Cette sortie n’est pas fortuite. Elle coïncide avec le soutien américain à la solution de l’autonomie qui a l’avantage de sauvegarder la stabilité dans la région. Le gouvernement espagnol veut manifestement torpiller la réunion du conseil de sécurité, qui examinera, le 30 avril, les différentes solutions proposées avec une nette préférence pour celle qui préserve les droits du Maroc sur ses provinces du sud.
D’emblée, la position espagnole est incompréhensible, voire incohérente. Elle ne peut qu’accentuer les tensions diplomatiques entre le Maroc et son voisin du nord. Celui-ci par son hostilité déclarée à l’égard du Royaume a choisi la Polisario contre le Maroc, foulant ainsi du pied tous les accords conclus entre les deux parties, notamment celui “d’amitié et de bon voisinage“ et renie même les liens de proximité culturelle et historique. Tous les atouts capitalisés de part et d’autre dans nombre de domaines sont aujourd’hui sérieusement remis en cause.
Certains expliquent que l’attitude de Madrid découle du refus de Rabat de renouveler le fameux accord de pêche avec l’Union européenne, qui profite essentiellement aux pêcheurs espagnols.
Une espèce de réponse du berger à la bergère: tu me refuses ton poisson, j’appuie là où ça te fait mal. Si le Royaume avait accepté de signer de nouveau, le gouvernement de José Maria Aznar se serait-il ligué avec Alger contre les intérêts du Maroc? Une chose est sûre : le pouvoir en place à Madrid a toujours eu une position ambiguë sur l’affaire du Sahara marocain avec un soutien politique et financier du Polisario. La seule différence c’est qu’aujourd’hui l’Espagne a dévoilé son jeu et battu ses cartes. Publiquement et officiellement. Ce que les autorités marocaines ont toujours soupçonné vient d’être confirmé par l’intéressé lui-même.
La position espagnole est pleine de contradictions. Voilà un pays qui continue à occuper depuis des siècles deux villes marocaines, Sebta et Mélilia, refusant de les rétrocéder au Maroc contre la légalité internationale et qui en même temps se prononce pour “l’autodétermination du peuple sahraoui“. Sur un autre registre territorial, le gouvernement espagnol vient de déclarer, par la voix de son ministre-porte-parole, qu’il ne renoncera pas à la pleine souveraineté sur Gibraltar dans ses négociations avec la Grande-Bretagne. Ainsi ce qui est bon pour Madrid ne l’est pas pour Rabat ?
L’Espagne qui réclame sa souveraineté sur la colonie britannique et refuse la même souveraineté pour le Royaume pour ses deux enclaves et cherche à la lui contester sur ses provinces du sud même dans le cadre de l’autonomie !
Le Maroc doit désormais vivre avec deux adversaires, l’Algérie à l’est et l’Espagne au nord. Quant au sud et ses provinces, marocaines elles sont et marocaines elles resteront.

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