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Mandari : Pitoyable fin d’un escroc

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Les agents de la Garde civile espagnole de Malaga ne savaient pas que l’appel qu’ils venaient de recevoir sur le 062 (numéro d’appel de la Garde civile en cas de détresse), ce mercredi 4 août, les informant de la découverte du corps d’une personne d’aspect maghrébin apparemment assassinée par balles, allait dépasser le cadre du simple fait divers. La région connaît souvent des cas de règlements de comptes entre trafiquants de tout genre et qui finissent le plus souvent par un bain de sang entre bandes rivales. Arrivés sur les lieux, un parking situé entre les deux localités de Mijas et Fuengirola dans la région de Malaga, ils découvrirent le corps d’un jeune homme, gisant par terre, les pieds déchaussés et le torse nu.
La victime avait reçu une balle dans la tête. À côté du corps, des espadrilles dont il est difficile de dire si elles avaient été enlevées par la victime ou par ses éventuels assassins.
Les enquêteurs n’écartent d’abord aucune piste même celle du suicide. Sur le corps, ils trouvent une seule pièce d’identité : un permis de conduire, apparemment faux, qui indique que la victime s’appelle Hicham Bel Hassan. Le nom confirme alors qu’il s’agit d’un Arabe. Les autorités espagnoles décident alors d’informer leurs homologues françaises de l’incident et leur envoient les empreintes digitales relevées sur le corps sollicitant leur collaboration dans l’identification du corps.
Ce n’est que quelques jours après, une semaine pour être précis, que la police française informe son homologue espagnole qu’il s’agit d’une personne de nationalité marocaine poursuivie par la justice française pour plusieurs délits dont des affaires d’escroquerie, de faux monnayage, de chantage et d’usurpation d’identité. Il s’agit de Hicham Mandari. L’information est alors annoncée officiellement par les autorités espagnoles.
Aussitôt que la nouvelle a été annoncée, le consul du Maroc à Algésiras au sud de l’Espagne, Fouad El Oufi, a entrepris les démarches nécessaires auprès des autorités locales compétentes pour s’enquérir des circonstances ayant entouré la mort de la victime. Une procédure normale étant donné qu’il s’agit d’un ressortissant marocain. Ainsi, il a été confirmé au responsable diplomatique marocain le décès par balles de Hicham Mandari qui portait sur lui des papiers d’identité falsifiés.
Suite à cette confirmation, le gouvernement marocain a décidé d’entreprendre des démarches auprès des autorités espagnoles pour connaître les circonstances de la mort de Mandari, ont affirmé des sources autorisées, vendredi, à l’AFP.
Les mêmes sources ont annoncé que « les autorités marocaines n’entendent pas se prononcer pour le moment sur les affaires qui concernent M. Mandari, afin de laisser la justice française aller au terme des procédures en cours », rajoute l’agence française.
Mandari, qui se présentait comme conseiller de feu SM Hassan II, était inculpé en France, notamment à propos d’un trafic de faux dinars de Bahreïn portant sur quelque 350 millions d’euros et pour une affaire de chantage contre le patron de la BMCE, Othman Benjelloun. Les enquêteurs espagnols chargés de l’affaire ont d’ailleurs sollicité la collaboration de leurs homologues français pour tenter d’élucider une affaire qui s’annonce très compliquée vu les multiples relations douteuses que le défunt entretenait dans les milieux criminels. Une réalité affirmée, entre autres, par son épouse qui vit au Maroc depuis 2003. Dans une déclaration à l’AFP, elle affirme avoir quitté son mari sur les « conseils d’un avocat », notamment « en raison de ses mauvaises fréquentations ». « Il cherchait les problèmes ; on a choisi deux voies différentes », a-t-elle déclaré, affirmant également que Mandari l’avait « menacée » après son retour au Maroc.
Par ailleurs, certains secteurs hostiles au Maroc ont tenté de donner une connotation politique à cet assassinat en faisant le lien entre ses déclarations antimarocaines et sa mort. Le journal espagnol « La Opinion de Malaga » a rapporté, dans son édition d’hier, que l’avocat de Mandari interrogé par le quotidien américain « The Washington Post », William bourdon, n’a pas écarté cette possibilité. Le quotidien espagnol rapporte aussi que l’ancien ministre de l’Intérieur, Driss Basri, a déclaré qu' »il est logique de regarder vers le Maroc » et a ajouté, toujours selon le journal espagnol, que « Mandari ne se rendait pas compte que ses dernières déclarations à la presse marocaine signaient son arrêt de mort ». D’autre part, les services de sécurité espagnols menaient une enquête sur les relations que Mandari entretenait avec le Groupe salafiste combattant du Maroc (GSCM) à qui appartiennent la plupart des terroristes arrêtés dans le cadre de l’enquête sur les attentats du 11 mars à Madrid. Selon le quotidien espagnol “El Mundo”, Mandari était soupçonné d’avoir financé ce groupe terroriste.
En tout cas, les tentaculaires relations que la victime avait pu tisser durant les dernières années et qui s’étendent à plusieurs réseaux du crime organisé font que la thèse la plus probable est celle d’un règlement de comptes. Une piste que les enquêteurs espagnols privilégient sachant que la victime s’était fait beaucoup d’ennemis dans la région andalouse de Marbella. Une enquête qui sera certainement très longue étant donné la complexité du réseau des relations de la victime.

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