Quelle lecture peut-on donner à la position algérienne ?
Ahmed Bouz : Je pense que la position algérienne n’est pas nouvelle. Elle reflète la nature des relations bilatérales entre les deux pays qui jonglent depuis longtemps, et avant même la question du Sahara, entre la tension et l’éclaircie. A chaque fois que les relations maroco-algériennes retrouvent une accalmie qui fait croire à un dénouement heureux, des facteurs nouveaux entrent en jeu et font de facto revenir tout le processus au point mort. Cela dit, il est difficile aujourd’hui de dissocier ces nouveaux rebondissements des derniers développements dans le dossier du Sahara.
Quel est le rapport entre les deux selon vous ?
A mon avis, l’avantage obtenu par le Maroc qui a réussi à inverser la tendance en sa faveur après la proposition américaine d’élargir le mandat de la Minurso pour couvrir la situation des droits de l’Homme a poussé les responsables algériens à remettre en cause l’amélioration des relations entre les deux pays ces derniers années. Il faut dire que nous sommes aujourd’hui face à deux approches. La première considère que la question du Sahara est complétement indépendante du dossier des relations entre le Maroc et l’Algérie. La deuxième place au contraire la résolution de la question du Sahara au cœur du dossier de la normalisation des relations bilatérales.
Comment le Maroc doit-il gérer la préférence du régime en Algérie pour le statu quo ?
Je pense que le Maroc doit continuer à œuvrer pour dépasser les problèmes actuels. Il ne faut surtout pas se laisser guider par certaines réactions qui poussent vers une coupure totale. Certaines déclarations qui sont, à mon avis, dépassées, ne vont qu’envenimer davantage la situation. Il n’existe d’ailleurs aucune explication à l’utilisation dans le discours politique de certaines personnalités des revendications sur le Sahara oriental. Plus globalement, le dégel dans les relations maroco-algérienne est lié au progrès démocratique en Algérie. Sur ce plan, le Royaume a connu un changement au niveau de ses responsables politiques alors qu’en Algérie, d’anciennes figures ayant vécu des conflits dans le cadre de la guerre froide continuent d’occuper le devant de la scène.