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Maroc-France, un virage stratégique

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Relations internationales. Le Maroc et la France veulent écrire une nouvelle page de leur histoire. La dernière visite du ministre français de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, Bruno Le Maire, annonce la couleur. Les détails.

Vers un partenariat renouvelé entre le Royaume et l’Hexagone. Les participants au Forum économique Maroc-France, tenu à Rabat, sous le thème «Ensemble vers un élan renouvelé des opportunités économiques et sociales», ont appelé à concevoir les relations économiques Maroc-France à travers un nouveau paradigme, dont les maîtres mots sont le «made with Morocco» en vue d’une meilleure complémentarité et intégration des deux économies. Le directeur général du Fonds Mohammed VI pour l’Investissement, Mohamed Benchaaboun, a ainsi estimé que le nouveau paradigme devrait s’appuyer sur une relation solide qui, s’inscrivant dans le temps et tirant profit de l’histoire commune et riche des deux pays, est totalement en phase avec les ambitions et objectifs que le Maroc s’est fixés sous le leadership éclairé de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Cet ancien ambassadeur du Maroc à Paris a relevé que le partenariat entre le Maroc et la France a vocation à transcender le cadre strict des relations bilatérales pour s’inscrire dans une perspective liant deux continents, le Maroc se positionnant comme une plateforme et un hub entre l’Europe et l’Afrique, ajoutant que Rabat et Paris peuvent «ensemble faire de ce projet une réalité au service des intérêts de nos deux pays». «Plus que jamais, nos économies ont besoin d’une relance vigoureuse pour créer davantage de valeur et d’emplois après des années de croissance molle», a-t-il poursuivi, soulignant que la dynamisation des relations économiques et commerciales entre le Maroc et la France a besoin d’un nouveau souffle, pour être ensemble plus forts et plus résilients face aux nouveaux défis. A cet effet, M. Benchaaboun a identifié trois axes importants, à savoir la mise en place de nouveaux mécanismes financiers et non-financiers destinés aux entreprises marocaines et françaises de taille moyenne ou intermédiaire. Le deuxième axe vise à favoriser l’émergence de start-up et d’entreprises innovantes qui se déploient soit en France ou au Maroc, tandis que le troisième consiste à encourager et accompagner l’intégration du Maroc dans la nouvelle distribution des chaînes de valeur. De son côté, le directeur général de Renault Group Maroc, Mohamed Bachiri, a indiqué que les opérateurs marocains et français sont appelés à mettre en place ensemble de nouveaux schémas de colocalisation et d’intégration industrielle alliant proximité, sécurité et compétitivité. Pour sa part, le directeur général du Groupe Avril, Jean-Philippe Puig, a appelé à une complémentarité entre acteurs français et marocains à même d’accélérer l’exécution des initiatives en cours, insistant sur l’accompagnement de l’agriculteur et son intégration dans la chaîne de valeur globale des acteurs agro-industriels. Le président du conseil d’administration de Safran, Ross Mcinnes, quant à lui, a dit préférer la notion de «made with», plutôt que celle du «made in», pour favoriser une meilleure complémentarité et intégration des chaînes de valeur. Il est temps de passer à un nouveau chapitre, celui du «grow with», pour croître ensemble, a-t-il estimé, mettant en avant l’importance de la formation et de la recherche et développement notamment dans le domaine des chaînes d’approvisionnement. Organisé par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le Medef, ce forum a réuni plus de 500 leaders économiques marocains et français. Il a été marqué par la présence de la ministre de l’économie et des finances Nadia Fettah, du ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique de la France, Bruno Le Maire, du président de la CGEM, Chakib Alj et du président du MEDEF, Patrick Martin.

Choix stratégique
La France a fait le choix stratégique de renforcer ses liens économiques avec le Maroc dans le contexte des évolutions mondiales post-Covid, notamment sur le plan géopolitique et la réorganisation des chaînes de valeur, a indiqué, vendredi à Rabat, le ministre français de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, Bruno Le Maire. S’exprimant à l’ouverture de la Rencontre économique Maroc-France, M. Le Maire a exprimé la volonté de son pays de coopérer avec le Royaume du Maroc dans divers domaines, particulièrement celui des énergies propres notamment solaire, éolienne et de l’hydrogène vert. Il a également fait part du souhait de la France de collaborer avec le Maroc dans le développement des infrastructures de transport énergétique et dans la production de l’énergie nucléaire mais aussi d’élargir davantage la coopération entre les deux pays dans les secteurs ferroviaire, aéronautique et automobile. Le Maroc offre aux entreprises internationales l’accès à un marché immédiat de près d’un milliard de consommateurs sur le continent africain, a indiqué, de son côté, la ministre de l’économie et des finances, Nadia Fettah. «Jouissant d’une stabilité institutionnelle et macro-économique, le Maroc est aujourd’hui en position de permettre aux entreprises internationales de s’adresser à un marché immédiat de près de 450 millions de consommateurs en Afrique de l’Ouest et de près d’un milliard sur l’ensemble du continent», a dit Nadia Fettah à l’ouverture de la Rencontre économique Maroc-France.
A partir du Maroc, il est possible non seulement de bénéficier d’un cadre légal et fiscal attractif, d’infrastructures aux standards internationaux, mais également de s’appuyer sur un écosystème financier et de services offrant un spectre complet aux opérateurs souhaitant se développer en Afrique, a-t-elle expliqué. La ministre a relevé que cela demeure, toutefois, tributaire d’une étroite collaboration entre les acteurs du secteur privé qui ont des caractéristiques communes, voire une «culture» commune leur permettant d’envisager des partenariats très étroits pour se positionner sur des projets à forte valeur ajoutée. A noter que le ministre français de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, Bruno Le Maire, a animé, jeudi au campus de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) à Rabat, une conférence sur le thème: «Le partenariat Maroc-France en matière d’énergie, un atout pour l’Afrique et l’Europe». M. Le Maire a mis en avant, à cette occasion, le champ de coopération «formidable» entre le Maroc et la France dans le domaine de l’énergie décarbonée qui, a-t-il dit, est fondamentale pour l’indépendance des nations.
Le ministre a fait part de la disposition de la France à développer la coopération avec le Royaume dans le nucléaire, l’hydrogène vert et l’énergie solaire et éolienne, en tirant profit de la force des liens, de l’amitié et de la robustesse des relations historiques unissant les deux pays.

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Entretiens avec le chef de gouvernement


Partenariat. Le chef de gouvernement Aziz Akhannouch a eu à Rabat des entretiens avec le ministre français de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, Bruno Le Maire, qui effectue une visite de travail dans le Royaume. Lors de ces entretiens, auxquels ont pris part la ministre de l’économie et des finances, Nadia Fettah, et le ministre délégué chargé du budget, Fouzi Lekjaa, les deux parties ont souligné la spécificité et la singularité des relations entre le Maroc et la France, ainsi que la volonté des dirigeants des deux pays, SM le Roi Mohammed VI et le président français, Emmanuel Macron, d’aller de l’avant dans le partenariat stratégique multidimensionnel, indique un communiqué du département du chef de gouvernement. M. Akhannouch, rapporte la même source, s’est félicité de la qualité des relations entre le Maroc et la France et a mis l’accent sur la nécessité de leur donner un souffle nouveau, en phase avec les évolutions qu’elles connaissent à tous les niveaux, dans le cadre d’une concertation étroite. Par ailleurs, ces entretiens ont permis d’échanger autour des perspectives prometteuses de la coopération industrielle entre les deux pays dans des secteurs porteurs, notamment en matière d’hydrogène vert, poursuit la même source, soulignant que cette entrevue a également été l’occasion de saluer l’action de l’Agence française de développement dans l’accompagnement des réformes et programmes de développement initiés par le Maroc. Les deux parties ont en outre examiné la coopération économique et commerciale entre les deux pays, la France étant le premier partenaire du Maroc en termes de recettes touristiques et d’investissements étrangers. Les échanges commerciaux entre les deux pays se sont établis en 2023 à quelque 163,1 milliards de dirhams, en progression de 33% par rapport à 2021, selon le communiqué.

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