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Maroc-Qatar : Le retour de confiance

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Le Maroc serait-il sur le point de s’éloigner de l’Arabie Saoudite, son allié traditionnel dans le Golfe ? Alors que cette région perdrait de plus en plus de son équilibre séculaire entretenu par la bipolarité Qatar-Arabie Saoudite, la visite de l’Emir de l’État du Qatar Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, attendue dès demain au Royaume, atteste de plus en plus des intentions -plus économiques que politiques- allant dans le sens d’une consolidation des relations avec ce jeune mais très riche pays du Golfe.

Khalid Chegraoui, universitaire et chercheur à l’Institut des études africaines, explique à ce propos que l’Arabie Saoudite est, et restera, l’allié stratégique du Maroc dans cette région: «Le Maroc n’a aucun intérêt à se mettre sur le dos un pays comme l’Arabie Saoudite. Au contraire, le Royaume est tout simplement en train de compléter la structure de ses relations bilatérales avec les pays du Golfe. Si le pari de cette approche a été gagné avec l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis et le Bahreïn, il ne lui restait en fait que le Qatar pour terminer les contours de ces relations».

Traditionnellement lié aux pays du sud de la Méditerranée, le Maroc mène depuis des années une approche tous azimuts pour attiser davantage l’intérêt des investisseurs de cette région, considérée parmi les plus compétitives à l’échelle arabe. La crise économique mondiale, qui perdure encore, a en effet amplifié l’écart de compétitivité entre les pays du Golfe et le reste du monde arabe : un rapport, publié en amont du Forum économique mondial en 2010 à Marrakech, avait en effet confirmé que le Qatar et l’Arabie Saoudite, notamment, avaient dépassé les autres économies de pays ayant le même niveau de développement.

Côté investissements, les capitaux des pays du Golfe se montrent moins entreprenants pour les régions instables et se tournent plus vers des pays ou des régions où le retour sur investissement est appuyé par une stabilité politique. «Les pays du Golfe se montrent désormais plus rationnels dans leur choix d’investissements. Le Maroc, contrairement aux autres pays de la région, a fait montre ces dernières années d’une stabilité politique et d’un processus de réformes qui encouragent aujourd’hui les pays à venir y investir. Ce choix est d’autant judicieux que certains pays, comme l’Algérie par exemple, ne présentent pas aujourd’hui de modèles capables de persuader les pays du Golfe d’y investir», explique Chegraoui.

Sauf que dans le cas du Maroc et du Qatar, les relations ne devraient plus s’arrêter à de «simples» investissements, mais se voir confirmer davantage avec l’objectif de mettre en place un partenariat stratégique entre les deux pays. Cet objectif serait motivé surtout au regard du volume global des échanges commerciaux entre les deux pays et qui sont jusqu’à aujourd’hui très faibles: cumulés depuis 2001, largement en faveur du Qatar, ils dépassaient à peine les 3 MMDH au premier semestre 2011. Le Maroc exporte principalement des conserves de poissons et de fruits et légumes alors qu’il importe massivement, du Qatar, du gaz et des matières plastiques.

A noter que le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane a été reçu début décembre en audience à Doha par l’Emir du Qatar, installé à la tête du pays depuis juin dernier. La rencontre avait porté essentiellement sur les relations maroco-qatariennes et sur les opportunités de coopération en particulier dans les domaines de l’éducation, de l’enseignement, de l’emploi, et de l’agriculture. La rencontre était également un signe annonciateur de la visite, dès demain, du Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani.

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