Medi 1 Sat, le seul projet de télévision ayant franchi, avec succès, les différents "examens" de la HACA (Haute autorité de la communication audiovisuelle), suscite déjà une grande polémique et notamment dans les pays du Golfe accueillant des dizaines de journalistes marocains qui font les beaux jours de plusieurs chaînes de télévision.
Plusieurs d’entre eux, dans des contacts avec ALM, se sont dit "ulcérés" non pas de ne pas avoir été retenus pour garnir les staffs de Medi 1 Sat, mais de la manière dont s’était déroulée la mission d’une commission dirigée par Paul Hatti et qui s’était notamment déplacée, pour prospection, à Paris et à Dubaï. "Il est incompréhensible de constater d’abord que cette commission ne comprenne aucun membre marocain et qu’elle soit dirigée par quelqu’un qui découvre le Maroc pour la première fois", indique un journaliste qui a préféré garder l’anonymat.
Ladite commission est en effet constituée de deux Libanais et trois Français alors que le projet est financé par des actionnaires français et marocains, ces derniers détenant, qui plus est, plus de la moitié du capital.
"On n’a rien contre M. Hatti, mais le fait de confier une telle responsabilité à une personne incapable de vous citer le nom d’un chef de parti politique au Maroc ou en Algérie me paraît hasardeux", poursuit le même journaliste.
Medi 1 Sat : le tour de table
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Anas Bouslamti, l’un des journalistes-piliers de Abu Dhabi TV, affirme n’avoir pas fait partie des professionnels marocains à qui Paul Hatti a fait miroiter monts et merveilles. "Heureusement que je n’étais pas présent à la Dubai Media City quand une longue file d’attente de postulants marocains et maghrébins écoutait les promesses de Paul Hatti… Bref, une autre occasion manquée pour le décollage du paysage audiovisuel marocain", commente Bouslamti.
Le cas de ce dernier est différent de celui de plus d’une dizaine de journalistes marocains exerçant actuellement dans les pays du Golfe, à la MBC, à Abu Dhabi TV, à Dubai TV et à Al Arabiya. Car, affirme l’un d’eux, après les promesses de la Dubaï Media City, Paul Hatti changera complètement d’attitude. Après avoir récolté des dizaines de C.V et fixé des rendez-vous (début avril 2006), il avait fini par ne rencontrer que quelques "chanceux", rarement des Marocains. Cerise sur le gâteau, ces derniers seront informés, récemment, qu’ils n’étaient pas "retenus" et ce par simples messages électroniques.
Paul Hatti, à qui on prête une expérience à MBC et Abu Dhabi TV, contacté par ALM, n’a pas répondu à notre appel. A plusieurs reprises, les tentatives d’entrer en contact avec Pierre Casalta pour avoir son point de vue sur cette affaire ne donneront rien non plus.
Finalement, l’assistante du président du conseil d’administration de Medi 1 Sat nous informera, dans la matinée de jeudi, que M. Casalta ne désire pas communiquer sur le sujet ou faire la moindre déclaration. Les journalistes marocains du Golfe insistent encore une fois pour dire que ce n’est pas de ne pas avoir été retenus par Paul Hatti qui les choque, mais la manière dont il s’était comporté avec eux lors de ses séjours dans cette région.
Mais pourquoi une télé au Maroc, à vocation maghrébine et internationale et bilingue de surcroît, boude les journalistes marocains ? D’aucuns n’hésitent pas à faire le lien, et la comparaison, avec le climat qui régnait à Médi 1, mais il y a aussi un autre aspect. En effet, le cahier des charges, signé le 19 mai 2006 en grande pompe, stipule que la moitié, au moins, du personnel de Medi 1 Sat doit être de nationalité marocaine. Toutefois, cette disposition reste assez vague puisqu’elle n’insiste pas sur un pourcentage par catégories du personnel. Ce qui pourrait amener M. Casalta, ironise un journaliste exerçant aux Emirats Arabes Unis, à "embaucher une armée d’opérateurs, voire des agents de sécurité et des chauffeurs marocains".
D’autres explications sont à chercher peut-être dans les offres alléchantes faites aux journalistes et qui suscitent les convoitises. Selon plusieurs sources, ceux parmi les journalistes qui auront l’"heur" de travailler sous la direction de MM. Casalta et Hatti se sont vu promettre des salaires mensuels oscillant entre 3.500 et 4.500 euros. Cerise sur le gâteau, 30 % du salaire sont versés au Maroc alors que le reste, plus des deux tiers, serait viré sur des comptes à l’étranger.
Un journaliste marocain exerçant au Golfe affirme que lui et ses confrères n’étaient pas tellement motivés par le côté matériel, mais qu’ils se seraient réjouis d’un retour au pays pour contribuer à une nouvelle expérience.
Quitte, pour beaucoup d’entre eux, à faire des concessions côté salaires, précisent-ils.
Tout comme pour Medi 1 (la radio), cette nouvelle télé est une nouvelle concrétisation de la coopération entre le Maroc et la France et notamment dans des secteurs-clés comme les télécommunications et les médias avec une implication politique, de haut niveau, d’un côté comme de l’autre. Le 27 septembre 2005, une convention de financement pour un montant total de 3 millions d’euros (près de 33 millions DH) sur 10 ans a été signée pour boucler le plan de financement du projet de la nouvelle télé.
Ladite cérémonie s’était déroulée en présence de Driss Jettou et Dominique De Villepin en marge de la 7ème rencontre franco-marocaine des chefs de gouvernements des deux pays.
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