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Mohamed Darif : «Il faut entamer un dialogue avec les séparatistes de l’intérieur»

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ALM : Quelles sont les répercussions politiques des incidents de Laâyoune?
Mohamed Darif : Tout le monde doit prendre au sérieux ce qui s’est passé à Laâyoune. Il ne faut pas se contenter de dire que ce sont des raisons sociales qui ont poussé la population à manifester.
La situation est beaucoup plus compliquée. Il faut faire face à la réalité. Il existe des séparatistes. Et on en voit aussi dans nos universités qui scandent des slogans séparatistes et brandent le drapeau du Polisario. Bien sûr, il y a une majorité de Marocains d’origine sahraouie qui s’accrochent à la marocanité du Sahara. Mais, il y a des gens qui épouse la thèse du Polisario et de l’Algérie. Des affaires comme celles d’Aminatou Haidar ou de Salem Tamek incarnent cette réalité. Il faut donc gérer le dossier autrement. Aussi, il est à signaler que ceux qui cherchent à rejoindre le Maroc en provenance de camps de Tindouf ne sont pas toujours de bonne foi. Parmi les ralliés que le Maroc reçoit massivement depuis l’année dernière, il y a eu des activistes qui avaient pour mission précise d’inciter la population à exprimer son mécontentement. Pour cela, ils se sont cachés derrière les revendications sociales. Dans l’histoire, il y a toujours eu une minorité qui mobilise et manipule la majorité. Aujourd’hui, la nouvelle stratégie de l’Algérie est de déclencher une «Intifada» dans les provinces du Sud. Et ce qui s’est passé c’est justement le début de cette «Intifada». C’est par ce biais que l’Algérie cherche à concrétiser son complot.

Quelles sont les solutions à entreprendre ?
Le début pour une solution efficace, c’est de faire un bon diagnostic. Depuis longtemps, des erreurs ont été commises pour la compréhension des Sahraouis. Il y a un équilibre tribal dans la région. Mais il y a aussi désormais de nouvelles générations qui cherchent à satisfaire leurs ambitions. Il n’y a plus que les notables et les chioukh qui parlent au nom des Sahraouis. La solution n’est pas purement socio-économique, il y a aussi un aspect politique. Il faut aussi prendre en compte les séparatistes de l’intérieur qui n’ont pas toujours un lien avec le Polisario. Il faut entamer un dialogue avec ces derniers avant de l’entamer avec les séparatistes de Tindouf.

Est-ce que les événements de Laâyoune ont eu des conséquences sur les négociations entre le Maroc et le Polisario?
Cette minorité de séparatistes derrière l’organisation des camps de Laâyoune a méticuleusement choisi le moment. On a commencé à installer les camps en octobre avec le début de la tournée de Christopher Ross dans la région. Par cette affaire, les séparatistes ont cherché à faire passer le message selon lequel «le peuple sahraoui est pour l’indépendance». Mais, je ne crois pas que ce qui s’est passé à Laâyoune ait influencé le déroulement des négociations. La position du Maroc pour l’autonomie des provinces du Sud est ferme. La position figée du Polisario est pour le référendum. Tous les observateurs s’accordent à dire qu’on ne va arriver à rien de cette manière. SM le Roi a appelé dans son discours de la Marche Verte à ce que les Nations Unies et les grandes puissances interviennent pour faire respecter les droits de l’Homme dans les camps de Tindouf. Et il faut que la position du Maroc se concrétise avec la pression des Nations Unies et des grandes puissances qui sont toutes convaincues que la solution proposée par le Maroc est la plus praticable et réaliste.

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