Il y a cinquante ans, les chefs de trois partis maghrébins ont appelé à l’unité du Maghreb arabe et au parachèvement de son indépendance. C’était à l’occasion de la tenue de la Conférence maghrébine qui a eu lieu, le 27 avril 1958, à Tanger. Pour célébrer le cinquantième anniversaire de cet événement, des délégations des cinq pays du Maghreb arabe se sont rencontrées, dimanche dernier, à Tanger. Ils ont évoqué les grands moments du mouvement de résistance mené par les peuples maghrébins dans leur combat contre l’occupation. «Ce mouvement au Maroc a continué sa lutte contre le colonialisme qui a connu en même temps une montée en résistance dans le pays frère tunisien. Cette flamme gagnera la résistance armée dans le pays frère algérien, qui a été à l’origine de la création, le 1er novembre 1954, du Front de libération nationale (FLN). Ce qui a encouragé l’unification de la région du Maghreb arabe dans son combat contre le colonisateur», a indiqué Abbas El Fassi, le chef du gouvernement marocain et secrétaire général du parti de l’Istiqlal.
En réponse à l’appel du parti de l’Istiqlal, une réunion avec les deux autres partis maghrébins en l’occurrence le Néo-Destour tunisien et le Front de libération nationale (FLN) algérien. Ils avaient exprimé, lors de cette rencontre, une très forte volonté de poursuivre, ensemble, leur combat en vue de soutenir la résistance algérienne et de construire le Grand Maghreb arabe. La Conférence maghrébine intervenait, à l’époque, une année après la signature des traités de Rome, instituant, en mars 1957, la Communauté économique européenne (CEE), devenue, en 1992, l’Union européenne (UE). La réussite de cette union revenait « essentiellement à la pleine confiance des Forces démocratiques européennes en un avenir unifié», a souligné le chef de la délégation de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), Mohamed Elyazghi. Et d’ajouter que d’autres pays d’Asie et d’Amérique ont suivi le même processus d’unification « dans la création d’un espace de solidarité et de mobilisation pour une véritable intégration régionale et le renforcement de leurs relations et leur position au niveau international ».
Dans son intervention, le dirigeant socialiste a mis l’accent sur les véritables obstacles qui freinent l’édification de l’UMA, à savoir l’obstination de l’Algérie à faire durer le problème du Sahara. Ce qui a suscité une réaction de la part du patron du FLN et Premier ministre algérien, Abdelaziz Belkhadem. «Les dirigeants des pays maghrébins frères et en particulier le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, doivent soutenir le projet marocain de l’autonomie pour le faire sortir de l’impasse où il se trouve actuellement », a dit M. Elyazghi. Le chef du gouvernement algérien a répliqué en invoquant le soi-disant devoir de l’Algérie à soutenir le droit à l’autodétermination. « L’Algérie a toujours défendu les mouvements de libération notamment en Guinée Bissau, en Mozambique et en Angola », a-t-il dit. Une déclaration face à laquelle l’assistance a dû réagir en scandant des slogans rappelant au responsable algérien que «Le Sahara est marocain» et qu’il le restera toujours. Il a fallu l’intervention de M. El Fassi pour calmer les esprits en rappelant que ce dossier très sensible et sacré pour les Marocains ne pourrait être traité dans de telles circonstances.
Malgré le problème du Sahara, qui persiste depuis plus d’une trentaine d’années, l’Union du Maghreb arabe (UMA) a réussi à voir le jour en février 1989 à Marrakech. Elle a été renforcée par l’adhésion de la Libye et de la Mauritanie. Et l’accélération du processus d’unification de cette région est une nécessité pour le bien de ces pays. « Le rêve maghrébin qui fut celui des jeunes à l’aube de la lutte pour l’indépendance, est également aujourd’hui une préoccupation pour la jeunesse de la région et une question constamment à l’ordre du jour des réunions des responsables maghrébins, en tant que fin et moyen pour la réalisation de l’intégration maghrébine », a expliqué le secrétaire général de l’UMA, Habib Ben Yahia.
Notons que le programme de cette journée a été marqué par une réunion de travail à huis clos entre les chefs des cinq partis au pouvoir dans les pays du Maghreb arabe. Et à l’issue des travaux de cette manifestation, les chefs des partis maghrébins se sont donné rendez-vous pour une prochaine rencontre à Tripoli en 2009.