Mohamed Guerbouzi, alias Abou Issa, est-il le vrai cerveau du Groupe islamique combattant marocain (GICM) ? Une question légitime puisqu’il est au coeur de tous les déplacements et les activités des «Marocains afghans» à travers l’Afghanistan, le Maroc, le Pakistan, l’Iran, l’Europe, l’Amérique du Nord et d’autres pays. En se référant aux déclarations de Noureddine Nafiaâ, l’ex-émir de ce groupe islamique, condamné par la Cour d’appel de Rabat à 20 ans de réclusion criminelle, on remarque que le nom de Mohamed Guerbouzi, alias Abou Issa, a été soulevé une trentaine de fois. Pourquoi ? La réponse est très simple. Parce que Guerbouzi était bel et bien le marionnettiste des membres du GICM. Les preuves sont multiples: Guerbouzi a chapeauté la création du GICM, a orchestré les multiples réunions de ses éléments à travers le monde, a été le noyau des faux et vrais passeports qui facilitent leurs déplacements à travers le monde.
En effet, Nouredine Nafiaâ a été sollicité, en 1993, par Mohamed Guerbouzi, en vue de se réunir avec Younes Chekkouri et Karim Salem à Hayat Abad pour examiner la situation des « Moujahidines marocains » qui s’installaient en Afghanistan. Une sollicitation qui prouve le rôle essentiel et primordial d’Abou Issa à la tête du GICM. Certes l’ex-émir du GICM, qui combattait à cette époque en faveur des forces du Parti Islamique de Kalb Addine Hikmate Yar, ne dévoile aucune information concernant Abou Issa entre 1993 et 1997. Où était-il durant ces années ? Aucune réponse.
Toutefois, il affirme qu’après la conclusion d’un accord entre Hikmate Yar et Bourhane Eddine Rabbani, de l’Association islamique, en vue de prendre les rênes de la capitale Kaboul et la coalition entre lui et les Taliban, Mohamed Guerbouzi a voyagé, en compagnie de Younès Chekkouri au Yémen pour rencontrer un certain Abou Oussama le Yémenite chargé de soutenir les «Moujahidines arabes» qui ont regagné ce pays. Après cette visite, ajoute l’ex-émir, Mohamed Guerbouzi s’est chargé de la collecte des fonds pour financer les « Moujahidines marocains » en Europe.
En août 1998, Mohamed Guerbouzi a donné ses instructions à Nouredine Nafiaâ pour le rejoindre en Syrie. Devant Karim Outah, il lui a proposé de devenir émir du GICM. Il a accepté. En décembre de la même année, Abou Issa est retourné en Angleterre. C’est là qu’il a rencontré Salah Eddine Benyaïche, alias Abou Mahjen, et l’a convaincu de renforcer les rangs du GICM en le soutenant financièrement et en mettant à sa disposition de vrais-faux passeports. Salah Eddine ne s’est pas contenté de la livraison de passeports. Il lui a remis une première somme de mille dollars. Il lui avait également remis une autre somme de 24 mille dollars.
En octobre 1999, Guerbouzi est retourné en Afghanistan pour convaincre Nafiaâ de ne pas abandonner la mission d’émir et de continuer de veiller sur le GICM. Mais en vain. Car il ne pouvait plus être émir du groupe auquel il reproche l’absence des cadres nécessaires pour l’orientation et la mise en place des canaux de communication, l’insuffisance des ressources financières et l’absence d’une stratégie de travail pour embrigader de nouvelles recrues. Concernant son rôle à propos des vrais-faux passeports, Nafiaâ révèle plusieurs exemples. En février 2000, il lui a envoyé un faux-passeport pour lui faciliter le voyage vers la Belgique. Il lui a envoyé également d’autres faux-passeports afin qu’il voyage vers d’autres pays européens sans le moindre problème.
L’ex-émir du GICM a expliqué aux enquêteurs que Guerbouzi était au centre de toutes les rencontres des responsables du GICM avec leurs homologues des autres groupes terroristes. A ce propos, il a rencontré Abou Qatada, un soi-disant ecclésiastique musulman palestino-jordanien détenu depuis plus d’un an par les autorités britanniques dans le cadre de la loi antiterroriste et accusé par un juge espagnol d’être « l’ambassadeur d’Al Qaïda en Europe ». Et ce, pour avoir son aval à exporter les opérations terroristes vers le Maroc. Il a rencontré également Oussama Ben Laden, Ayman Al Zawahiri et d’autres membres d’Al Qaïda et du Groupe islamique combattant libyen. Mohamed Guerbouzi semble, selon les déclarations de Nafiaâ, le premier recruteur des membres du GICM et le coordinateur principal entre ses cellules en Europe. En effet, après les attentats du 11 mars en Espagne, le nom de Mohamed Guerbouzi a fait une fois encore l’actualité. La police espagnole a fait savoir que Jamal Zougam, aurait eu plusieurs communications téléphoniques avec le Nord de Londres où s’est caché Mohamed Guerbouzi, comme cela a été révélé par « The Times“.