ALM: Les forces de l’ordre à Laâyoune ont enregistré un lourd bilan de dix morts. Comment expliquez-vous de telles pertes humaines?
Mostapha Naïmi : Il est à noter que ce bilan est le résultat de la reprise des hostilités algériennes combinées à la maladresse marocaine. Les troupes du Polisario étaient bien organisées alors que les forces de l’ordre marocaines envoyées sur place étaient jeunes et mal préparées. Je pense que l’organisation du front séparatiste a été sous-estimée par les autorités marocaines.
Que pensez-vous des actes de vandalisme perpétrés à Laâyoune depuis le début du mouvement revendicatif ?
Il faut d’abord se poser les bonnes questions. Est-ce que le mouvement revendicatif en question a t-il été programmé? Et est-ce que ce mouvement est de nature purement socio-économique? Dans les deux cas, je ne serais pas étonné de découvrir une réelle machination du Polisario et une implication à détourner ce mouvement revendicatif vers un caractère politique. Par ailleurs, je pense que le Maroc a géré la situation des revendications avec une grande intelligence et une plus grande flexibilité.
Comment le camp de Gdim Izik a pu rassembler autant de familles sans noter de réactions de la part des autorités locales ?
Il faut noter que ce n’est pas une maladresse de la part des autorités locales. À mon avis, le Maroc a marqué un point là-dessus en préconisant le droit à l’expression et à la libre action. Une fois encore la preuve est donnée que le Royaume est un pays de liberté et de droit.
Que pensez-vous des affirmations à propos de l’implication des services de renseignements algériens dans les incidents survenus à Laâyoune?
Cela est évident et plus que probable. L’Algérie a de tout temps prouvé son parti pris transi et négatif dans l’affaire du Sahara marocain. Je ne suis donc pas étonné de voir les preuves de cette implication dans des événements semblables aux incidents survenus à Laâyoune.
Comment mesurez-vous l’impact des incidents de Laâyoune sur l’avenir des négociations autour du Sahara?
Ces événements n’auront qu’un impact insignifiant sur les négociations, étant donné que des erreurs ont été commises par les deux parties du dialogue. Autant le Maroc a sous-estimé la chose, autant le front séparatiste a mal agi.
Quelles sont les résolutions que le Maroc doit tirer pour éviter une reproduction des événements de Laâyoune?
Il faut désormais que le Maroc détecte ses points faibles et qu’il y remédie. Le premier point faible est le manque de transparence. Le pays devrait être moins renfermé en ce qui concerne la question du Sahara. Pour ce qui est du deuxième point faible, il est à mon avis relatif à la mauvaise gouvernance des provinces du Sud en général. Un grand travail devrait être fait à ce niveau.