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Naïmi : «Le Polisario veut faire chanter le monde»

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Aujourd’hui Le Maroc : Quelle analyse faites-vous de l’alerte lancée par le Polisario sur l’imminence présumée d’une famine dans les camps de Tindouf ?
Mustapha Naïmi : C’est vraisemblablement une manière de sensibiliser l’opinion publique internationale sur la nécessité de reformuler son soutien politique au Front Polisario. Nous savons que, depuis un certain temps, le Polisario est mis à l’index par les organisations non gouvernementales internationales et que, par conséquent, le meilleur moyen pour induire une éventuelle reprise des relations politiques avec ces institutions est de crier haut et fort qu’il y a risque de famine. Autrement dit, c’est une stratégie comme une autre pour contrecarrer le processus d’autonomie locale en cours au Maroc. Ceci étant, cela ne veut pas dire que nous faisons montre d’indifférence à l’égard des Sahraouis des camps de Tindouf. Nous espérons qu’ils puissent retrouver un soutien international à même de leur permettre de vivre sans que cela ne fournisse aux manipulateurs l’occasion de détourner l’aide internationale et sans que le haut commandement du Front Polisario n’en profite sur le plan politique. Nous sommes solidaires avec les courants critiques à l’égard de la direction du Front et souhaitons les voir prendre la gestion des affaires politiques du Polisario.

Pourquoi le Polisario crie-t-il à la famine alors qu’il se prépare à organiser, le 27 février à Tifariti, un défilé militaire coûteux ?
Cela confirme la subtilité de l’appel à l’aide internationale dans la mesure où il ne s’agit en réalité que d’une tentative de manipulation de l’opinion publique internationale. Cela nous dit beaucoup sur les capacités financières dont dispose le haut commandement du Polisario et l’intérêt réel qu’il peut porter à la population des camps.

A votre avis, à qui profite réellement l’argent de l’aide internationale ?
Il va sans dire qu’une partie de l’aide internationale sert à alimenter les populations des camps. Ceci est d’autant plus vrai que les ONG ont les moyens de contrôle de la partie visible des circuits. Elles n’ont néanmoins pas accès aux circuits invisibles mis en place par le haut commandement du Polisario pour alimenter les réseaux du commerce informel ouest-saharien et pour financer sa stratégie politique.

Que pensez-vous de l’attitude de l’ONU face au détournement de cette aide ?
L’ONU a une position limitée d’abord parce que, humainement, elle ne peut pas laisser tomber les populations des camps, et aussi parce qu’elle doit veiller à maintenir une situation contrôlable politiquement et militairement. Ce sont là deux conditions que le Polisario connaît parfaitement et en tire profit dans la mesure où il peut fournir des données statistiques invérifiables et détourner, par ailleurs, une partie de cette aide pour d’autres usages. Les ONG internationales sont dans la même situation. Elles sont désireuses d’aider les populations, mais elles sont incapables de contrôler totalement et entièrement la destination de cette aide.

Que faut-il alors pour que cette aide soit acheminée vers ses véritables destinataires ?
Le Maroc doit mobiliser la société civile sahraouie, en particulier ceux qui constituent des valeurs sûres et qui sont capables de nouer des rapports de communication directs et sérieux avec les membres du Front Polisario les plus crédibles. Tel est le moyen pour avoir des données réelles sur l’usage fait de l’aide internationale et, ce faisant, éclairer l’opinion locale et internationale sur les mécanismes de détournement de l’aide. Il faut que la logique sécuritaire prenne fin et que les droits civiques des Sahraouis s’expriment en toute transparence.

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