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Najib Chaouki : «Personne n’a le droit d’imposer la pensée unique»

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ALM : Quelle est votre réaction par rapport aux dernières déclarations de Fizazi sur le mouvement du 20 février?
Najib Chaouki : Le mouvement du 20 février comprend diverses sensibilités et courants idéologiques. Mais cela ne les empêche pas de partager un même objectif, celui de bâtir un Etat civil, un Etat de droit et d’institutions modernes, qui garantit à tous ses citoyens la dignité et la liberté. Ainsi, personne n’a le droit d’imposer la pensée unique ou toute idéologie totalitaire. Le cri des jeunes du 20 février s’est justement soulevé contre le despotisme qu’il soit politique ou idéologique. Tout appel qui s’inscrit en dehors de ce principe éthique consacrant le pluralisme est loin de l’esprit des revendications du mouvement du 20 février. Les protestations du mouvement pour la libération des détenus politiques émanent de notre conviction dénonçant toute exclusion et appelant au respect de la liberté de l’autre dans le cadre de la loi, et non dans une logique d’épouvante, de complot et de menaces amplifiées. Une logique qui instrumentalise tour à tour la religion, la politique ou l’économie. Ainsi nous dénonçons toutes les formes de tutelle sur l’individu dont la liberté de conviction et de culte doit être garantie.

Des observateurs voient dans les propos de Fizazi une tentative de division du mouvement. Qu’en pensez-vous?
Par sa portée exclusionniste, le discours de Fizazi vise à diviser le mouvement du 20 février. Cela laisse à présager qu’il y a un pacte entre l’Etat et le courant de la salafiya. Cela est d’autant plus manifeste quand on entend les fatwas de Maghraoui interdisant les marches et manifestations de protestation, les qualifiant d’hérétiques. En manœuvrant de la sorte, l’Etat joue avec le feu et répète la même expérience des années 80 lorsque le ministère des Affaires islamiques était chapeauté par Abdelkébir M’daghri Alaoui. Ce dernier encourageait les tendances wahabites et extrémistes musulmanes pour contrer l’élan idéologique gauchiste. En répétant la même expérience, l’Etat nourrit la haine et laisse apparaître les prémices d’ un danger pour l’avenir de la société et la stabilité de la nation. L’Etat doit assumer ses responsabilités.

Dans ce contexte, quel est l’idéal de société que le mouvement aspire à bâtir ?
On appelle à l’édification d’un Etat civil dans un cadre démocratique qui garantit le droit de tous à la liberté d’expression. Aussi, même la laïcité ne nous prémunit pas contre des dérives. Celle-ci, on l’a vue en Tunisie qui a favorisé l’instauration d’un régime policier. Nous défendons le droit de Fizazi d’exprimer ses opinions et sa vision de la société idéale qu’il conçoit. Des convictions qu’il est libre de défendre et de présenter au débat, mais dans le cadre du dialogue et de la concertation avec toutes les composantes de la société, mais sans absolutisme, sans appeler à la violence et monter les uns contre d’autres.

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