"Il y a des jours où ils sont plus de deux cents à faire leur entrée en ville, parfois moins, mais la pression continue depuis deux mois au moins", a expliqué un responsable sécuritaire mauritanien sous le couvert de l’anonymat. Selon ce responsable, le choix portée sur cette nouvelle route d’émigration vers l’Europe s’explique par des raisons économiques et par la proximité géographique des Iles Canaries, vers lesquelles ils se dirigent, avec le nord ouest mauritanien.
"C’est à la fois très proche et moins coûteux, la filière saharienne (terrestre) coûtait au clandestin entre 1700 et 3400 euros alors que celle de l’Atlantique, via Nouadhibou, lui revient à 500 euros seulement", a expliqué le responsable mauritanien. Généralement, les clandestins empruntent de petites embarcations qu’ils achètent par groupe d’une quarantaine de personnes.
"Le voyage est pré-financé par des réseaux bien implantés, aussi bien en Mauritanie que dans les pays subsahariens et européens de destination", a expliqué pour sa part un responsable du Croissant Rouge mauritanien, Ahmedou Hould Haye. "Ils ne déclarent pas tout de suite qu’ils vont en Europe, mais se disent à la recherche de travail (en Mauritanie), s’installent dans les bidonvilles chez des gens qu’ils connaissent avant de s’organiser pour ce voyage périlleux", a-t-il expliqué.
Selon une source officiemme espagnole, plus de 10.000 Africains candidats à l’émigration vers l’Europe sont actuellement massés au Sahara marocain et en Mauritanie dans l’attente d’une traversée pour l’archipel espagnol des Canaries. Le renforcement des contrôles policiers dans le détroit de Gibraltar, dans le nord du Maroc et le nord de l’archipel des Canaries, a poussé les mafias à mettre en place de nouvelles routes d’accès, partant de points situés plus au sud et visant des îles canariennes plus lointaines. Une cinquantaine d’émigrants sont morts noyés ces derniers jours dans ces traversées, beaucoup plus longues et périlleuses.