ALM : Quelle lecture faites-vous des derniers développements à Laâyoune et de la mort de Hamdi Lembarki ?
Ramadane Ould Messaoud : Ce qui est arrivé nous a tous attristés en tant que militants des droits de l’Homme, mais aussi comme marocains attachés à leur pays. Laâyoune est triste. Ses habitants aussi. Cet incident bénéficie d’abord au Polisario. Les mercenaires se voient ainsi donner un nouveau souffle pour leur propagande qui fait feu de tout bois comme vous le savez et comme c’est arrivé à plusieurs reprises.
Qu’en est-il du comité de suivi mis en place par les associations de Laâyoune ? Que vise-t-il ?
Le but est qu’il ait une réelle enquête, sérieuse et transparente en association avec les composantes institutionnelles et les membres de la société civile sahraouie. Il faut tout d’abord rappeler que c’est une enquête qui doit être satisfaisante pour la famille du défunt en premier lieu et qui ira dans un sens où tout responsable de ce drame puisse répondre de ce qui est arrivé samedi et dimanche derniers. Toute déviation de cette enquête ou tentative de détournement de la vérité ne feront que rajouter de l’huile sur le feu. Nous demandons que cet incident soit traité avec cette même transparence que le Maroc a choisie en mettant en place l’Instance Equité et Réconciliation et le Conseil consultatif des droits de l’Homme. C’est d’ailleurs nécessaire pour tous les derniers événements à Laâyoune parce que tout est lié.
Le Polisario affirme avoir perdu l’un de ses plus fervents militants avec la mort de Hamdi Lembarki. Qu’en pensez-vous?
Aujourd’hui, ce qui importe pour nous est que nous avons perdu un membre d’une famille sahraouie marocaine et peu importe ce que peut servir le Polisario à la communauté internationale comme divagations. Nous sommes bien placés pour le dire après toutes les années passées dans ses prisons. La transparence du Polisario, on en sait quelque chose.
Pour nous, il s’agit d’une affaire des droits de l’Homme. La mort de Hamdi Lembarki, survenue sur la voie publique, est liée à des dépassements qui n’ont plus lieu d’être. Le responsable de police de proximité, par contre, participe aussi à la propagande du Polisario et ce genre d’attitudes torpille des efforts fournis depuis près de 12 ans par les associations pour démasquer les mercenaires. Au Sahara marocain, et sur 30 ans, la région n’a jamais connu une aussi vive tension. C’est un cadeau servi sur un plateau en or au Polisario. Les démonstrations de force et le fait de défoncer les portes des demeures de citoyens paisibles ne servent en rien les intérêts du Maroc. Par amour et fidélité pour ce pays, il faut mettre fin à ce genre d’attitudes. Evidemment, nous ne sommes pas contre l’ordre et la loi. Si l’on reproche quelque chose à quelqu’un, il faut l’appréhender et le poursuivre en justice dans le respect de l’Eat de droit. Il n’y a plus de raison pour que l’on ne réserve pas à Laâyoune le même traitement réservé à Casablanca, Oujda et Meknès. J’ajouterais qu’il arrive que plusieurs habitants se plaignent d’autres pratiques intolérables de la part des forces de l’ordre comme les moqueries et même les insultes racistes. C’est pour cela que la situation peut devenir incontrôlable à n’importe quel moment.
Qu’attendez-vous en définitive?
Une enquête transparente qui pourrait apaiser la famille du défunt et sa grande famille sahraouie qui a sa spécificité comme vous le savez. Pour l’association, elle continuera à défendre les citoyens loin de toute autre considération si ce n’est celle du respect des droits de tous.