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P) Accord de pêche Maroc-UE : geste inamical

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Coutumier d’incartades au point qu’elles y sont monnaie courante, le Parlement européen a néanmoins réussi à focaliser l’attention en mettant brusquement fin à la partie de pêche à laquelle s’adonnaient le Maroc et l’Union européenne depuis le mois de février 2010. A l’initiative de ses députés verts, le 15 décembre 2011, le Législatif communautaire se prononçait en effet contre l’accord provisoire de pêche maroco-européen en vertu duquel une flottille d’environ 300 bateaux – espagnols pour la plupart – était autorisée à pêcher dans les eaux marocaines. L’effet de surprise a été total. Bien que certains milieux aient nourri de l’appréhension à la perspective d’un tel vote, ils ne croyaient pas vraiment que le Parlement européen allait oser franchir le Rubicon. La décision des députés européens a donc eu sur eux l’effet d’une douche froide. Ils n’étaient pas les seuls, la plupart des Exécutifs des 27 n’étaient pas non plus heureux de ce rejet. En tête de ceux qui n’y ont pas trouvé leur compte : Mariano Rajoy, le chef du gouvernement espagnol. A peine entré en fonction, il se retrouve confronté à l’ire de la redoutable congrégation  des marins-pêcheurs. Appuyé par les centaines de milliers d’Espagnols qui trouvent emploi dans le sillage du poisson marocain, le «groupement des travailleurs de la mer» constitue une réelle menace de crise sociale dans le contexte de marasme économique que traverse actuellement l’Espagne. Aussi Rajoy envisage-t-il de remettre l’ouvrage sur le métier et de demander une renégociation de l’accord. Il n’est pas le seul. Les services de l’ambassade d’Allemagne au Maroc ont eux aussi affirmé la volonté de leur pays d’en faire de même. Un signe qui ne trompe pas que cette adhésion de l’Allemagne. Si ce pays réputé sans sensibilité particulière envers les pays de la rive sud de la Méditerranée est convaincu de la nécessité de reconduire l’accord de pêche, c’est que les enjeux de ce renouvellement sont clairs pour les Exécutifs européens. Ils sont comme n’a pas osé se l’avouer le Parlement européen de soutenir la démocratie marocaine. L’une des rares dans la région. Cependant cet objectif a paru peser moins lourd dans l’argumentaire des députés européens que les habituelles considérations oiseuses sur le libre déterminisme politique assisté que le paternalisme de certains «développés» se croit en devoir de consentir aux autres. Ce que le Parlement n’a pas osé regarder en face, c’est ce que l’Espagne et l’Allemagne ont dit clairement quand ces pays ont appelé à la renégociation de l’accord de pêche. La logique affirme les choses encore plus simplement : dénoncer un accord à deux mois de son terme est un non-sens. C’est un acte inamical. Envers le Maroc autant qu’envers les Exécutifs européens qui ont fort à faire avec la crise économique et financière pour s’embarrasser d’une autre sur mer.

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