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Paris, caisse de résonance à l’attentat de Marrakech

© D.R

Le premier à réagir à l’odieux attentat qui avait frappé la ville de Marrakech fut l’Elysée. Quelques petites heures seulement après l’événement, Nicolas Sarkozy fait part par communiqué de son émotion, de son indignation et de sa solidarité avec les Marocains. Le Quai d’Orsay sous la houlette d’Alain Juppé est resté longtemps silencieux. Ce n’est qu’aux heures tardives de cette triste nuit que son service adressa par courrier électronique le message de son ministère. Nicolas Sarkozy a dès le début voulu marquer la différence avec les attentats qui touchent d’autres coins du monde. Le fait que Nicolas Sarkozy monte en première ligne, que le nombre de victimes françaises soit proportionnellement élevé, que la ville de Marrakech soit d’une proximité géographique et affective évidente, a provoqué une grande réflexion chez les éditorialistes de la presse française.  La majorité a essayé de livrer une analyse pertinente, de placer cet attentat dans le contexte mouvant et instable que connaît cette région, mais avec un fil conducteur rouge, une interrogation sous forme d’arrière-plan : Et si l’attentat de Marrakech était organisé dans le but d’adresser un message aux autorités françaises ? L’éditorialiste du Journal du Dimanche n’y va pas par le dos de la cuillère. Il livre sa conviction comme une certitude: «Tout indique que la France, avec ses sept morts, est visée par cet attentat de Marrakech. Elle est déjà la cible d’Al Qaïda au Maghreb islamique. En première ligne pour faire partir Kadhafi, elle paie des engagements qui sont à son honneur». À supposer que cet attentat fut l’œuvre de l’Aqmi, comme le laisse penser son mode opératoire, cette organisation terroriste est déjà aux prises avec les autorités françaises sur la région du Sahel. Nombreux otages français ont été enlevés et certains tués par cette organisation. À la veille de cet attentat, l’Aqmi avait diffusé des images vidéo d’otages français demandant à Nicolas Sarkozy de retirer ses soldats d’Afghanistan comme prix de leur libération. Ce qui avait fait redire aux autorités françaises leur traditionnelle position sur le sujet : la France ne se fait pas dicter sa politique par le chantage et la terreur. La conviction que l’Aqmi a voulu adresser un message à Paris par la ville de Marrakech était si forte que le ministre de l’Intérieur Claude Guéant s’est senti presque dans l’obligation de communiquer dans le sens contraire. Pour lui, rien en l’état actuel de l’enquête ne permet d’affirmer que la France était visée par cet attentat. Il explique le nombre élevé de victimes françaises (sept sur seize victimes) par le fait que le café Argana soit «un haut lieu touristique et, vu l’engouement des Français pour Marrakech, il y avait une forte probabilité que des Français soient touchés». Et de rappeler comme pour limiter la portée internationale de ce message que «le Maroc a déjà été le théâtre d’attentats importants: 45 morts, dont 12 kamikazes à Casablanca en 2003, d’autres encore en 2007». Les médias français furent une énorme caisse de résonance à cet attentat. Dans certaines éditions, il domina par l’indignation qu’il a suscitée, le mariage royal britannique pour lequel un gigantesque dispositif de couverture avait été préparé.

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