Comment célébrer un 8 mars, pour ceux que cet anniversaire ne signifie pas en soi une atteinte au statut de la femme tel qu’il doit naturellement se concevoir dans les esprits, sans évoquer le fameux 12 mars 2000.
ce jour là, on marcha par centaines de milliers dans les deux grandes villes du royaume, Casablanca et Rabat. Ce jour, le débat autour de la condition de la femme, déjà houleux, allait s’illustrer par deux monumentales marches, l’une conduite par les partisans et l’autre par les détracteurs du plan d’intégration de la femme, oeuvre et, dit-on, perte, de l’ancien secrétaire d’Etat à la Protection sociale chargé de la Famille et de l’Enfance, Said Saâdi.
Les partisans avaient choisi Rabat, la capitale, pour défiler ce 12 mars. Ils avaient pour cela le prétexte de la marche internationale de la femme. Dès la mi-matinée, la place Bab El Had était en ébullition. Elle ne tardera pas à déverser son trop plein vers l’avenue Hassan II. A perte de vue s’étalait la foule. Les plus raisonnables des estimateurs parleront de 100.000 personnes. D’autres se laisseront emporter avançant avec certitude 500.000 voire plus, manifestants totalement dévoués à la cause de la femme marocaine.
Saîd Saâdi, initiateur du projet, porté en héros par la foule, menait la masse qui avait envahi le boulevard Hassan II, puis l’avenue Mohammed V, stationné devant le Parlement avant de bifurquer vers les places Pietri et Bab Chellah. La manifestation avait drainé bien des sympathisants de la cause de la femme. Tous ceux qui croyaient en ce plan destiné à révolutionner la perception de la moitié de la société marocaine, avaient fait le déplacement. Ils évoluaient mitraillés par les photographes et cameramen du monde entier.
Seulement, en même temps, cette fois-ci à Casablanca, une foule tout aussi compacte défilait. Mais, contre ce plan dont on chantait les louanges 100 km plus au nord. C’était la déferlante islamiste. Là encore, hommes, femmes, jeunes, moins jeunes, sont venus des quatre coins du Maroc pour manifester contre le plan d’intégration de la femme. Par centaines de milliers. Les islamistes et leurs sympathisants tenaient là l’occasion d’étaler leur force. Ils y réussirent dans la mesure où ils alignèrent une organisation impeccable. Les hommes d’un côté, les femmes de l’autre, martelaient leur opposition à ce qui était jugé comme un «projet imposé par l’occident». Le tout, en mettant de facto au chômage technique les forces de l’ordre déployées. Du coup, la question de la femme, était par moments reléguée au second plan. Laissant place aux spéculations quant à la force réelle des islamistes et les conséquences qui en découlaient. Encore une fois, même en déplaçant facilement plus d’un million de personnes, la femme n’aura pas facilement tenu le premier rôle.