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Pas de proximité sans normes

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ALM: Comment définissez-vous le nouveau concept d’autorité? Ali Sedjari: Bon nombre de personnes ont, à mon avis, mal compris la notion de nouveau concept de l’autorité, telle qu’elle a été énoncée par SM le Roi. Elle a été cernée, uniquement, au niveau des agents d’autorités. C’est une erreur. Tous les décideurs politiques, les gestionnaires de l’administration, aussi bien au niveau central que local, sont concernés. Tous les niveaux de l’administration marocaine doivent être impliqués dans le nouveau concept d’autorité. Pour cela, une réforme profonde des termes du rapport entre l’Administration et les citoyens, doit être opérée. Le message Royal voulait marquer un passage de la centralité politique vers la centralité citoyenne. En clair, l’administration marocaine ne doit plus être une structure de commandement et d’autorité, mais une plate-forme soucieuse des aspirations des citoyens, de leurs intérêts et de leurs revendications. C’est la culture de proximité par excellence. Que faire pour traduire cette nouvelle culture dans la pratique? Tout d’abord, il faut préciser que le nouveau concept d’autorité revêt trois dimensions. La première est déontologique. Cela signifie que l’Administration, tout en assurant la moralisation de la vie publique, doit être à l’écoute des citoyens. Elle devrait même instaurer des mécanismes de débats avec les administrés. Deuxièmement, la dimension structurelle. Les structures qui régissent les rapports entre l’administration et les citoyens doivent être impérativement révisées. Faute de lisibilité, les citoyens font preuve davantage de méfiance à l’égard de leur administration. Quant à la troisième dimension, l’opérationnelle, elle très importante. Il s’agit de traduire tout cela en normes juridiques. C’est ainsi que l’on pourra créer un véritable cadre juridique qui définit les rapports entre l’Administration et les citoyens. Aujourd’hui, il y a 512 procédures administratives. Pour une même prestation, vous pouvez trouver deux procédures différentes. L’investisseur est le premier à souffrir de ce flou artistique. Qui est chargé de mettre en oeuvre ce nouveau concept de l’autorité? C’est le ministère de la Modernisation des Secteurs publics qui assume cette tâche. A ce titre, je tiens à souligner qu’un excellent travail est effectué par ce département. Plusieurs chantiers extrêmement importants ont été lancés. C’est le cas de la réforme de la fonction publique et des procédures administratives. Des enquêtes minutieuses avec des expérimentations sont réalisées pour déboucher sur une vision globale de la réforme de l’administration. Ces efforts doivent être encouragés par l’ensemble des ministères. Dans les six mois à venir, les résultats seront apparents. Après les attentats du 16 mai, faut-il changer de cap? Au contraire. Il faut accélérer la cadence des réformes. Aujourd’hui, les actions concrètes sont pratiquement inexistantes. Si l’on procède à une évaluation, le bilan serait négatif. Qu’en est-il du rôle social des agents d’autorité? Le modèle administratif a toujours été au service de l’Etat. Aujourd’hui, il doit être au service des citoyens. C’est une condition sine qua non pour assurer une paix sociale. Pour cela, les agents d’autorités ne sont pas les seuls à devoir mettre la main dans la pâte. Assurer le contraire, c’est sombrer dans un faux débat. Je répète que tous les décideurs sont concernés. Mais la redéfinition du rôle de l’agent d’autorité est impérative. Le Wali doit être un développeur et un animateur de société. Il doit être à l’écoute des citoyens afin de développer leur participation dans la chose publique. Pour cela, une formation spéciale doit leur être assurée. La formation est la clé de voûte du nouveau concept d’autorité. Il est évident que la formation traditionnelle doit laisser la place à une autre plus moderne qui répond aux exigences du moment. Les agents d’autorités doivent maîtriser les nouvelles techniques de management. Il est inconcevable qu’une administration moderne ne dispose pas de nouvelles technologies de l’information. L’agent d’autorité doit faire preuve d’anticipation et de consolidation des liens sociaux.

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