Au début, il y a une brouille. Khatib et Aherdane se fâchent ferme concernant l’état d’exception décrété en 1965. Le premier quitte le Mouvement populaire pour fonder le Mouvement populaire démocratique et constitutionnel (MPDC). La référence à l’Islam était déjà présente dans la littérature de ce parti comme l’atteste le mémorandum adressé en octobre 1972 à Feu Hassan II. Le MPDC entre alors en longue hibernation, boycotte les élections et son leader se rattrape en multipliant les comités de soutien aux Afghans, aux Palestiniens et même aux Bosniaques.
Dans la littérature officielle du PJD, cette époque est marquée par beaucoup d’incompréhension de la part du régime.
Le MPDC est réduit à l’état d’une simple enseigne. Les choses s’améliorent toutefois au début des années 1990 avec l’ouverture décidée par Feu Sa Majesté Hassan II. En 1996, Abdelkrim Khatib réussit un historique tour de main en récupérant des militants islamistes en quête de reconnaissance. Les amis de Benkirane et Ramid, ex-membres de la Chabiba Islamiya réunis au sein du MUR (Mouvement Unicité et Réforme), rallient le MPDC. Pour beaucoup d’observateurs, la chose est plutôt assimilée à un « hold-up ».
A plusieurs occasions, Khatib doit intervenir pour calmer les ardeurs de certains de ses « fils adoptifs ». Le MPDC obtient 14 sièges aux législatives de 1997. En 1998, le parti de Khatib tient un congrès national extraordinaire et décide de changer de sigle pour devenir le Parti de la Justice et du Développement (PJD). Les islamistes tripleront le nombre de leurs sièges aux dernières législatives avant de passer un « sale quart d’heure» après les attentats du 16 mai 2003. Au dernier congrès, Saâd Eddine Othmani est élu secrétaire général de cette formation. Les attaques d’un Elyazghi semblent relever du passé. Le ton est à la réconciliation et plus. Après les communales, le PJD se retrouve aux commandes dans plusieurs villes, à Meknès, à Témara, mais aussi à Khénifra. La gestion des maires islamistes ne passe pas inaperçue. Ils apprennent sur le tas et multiplient les impairs.
Le PJD s’impose finalement comme parti incontournable sur la scène politique nationale. Fascinés par le PJD turc, les cadres du parti de Othmani visent loin même avec les différences (criardes parfois) entre un Lahcen Daoudi ou un Rachid Lemdouer et Mustapha Ramid.
Aux dernières nouvelles, le PJD se cherchait des représentations à l’étranger et notamment là où existe une forte concentration de ressortissants marocains. Le droit de vote accordé à ces derniers suscite l’intérêt et le PJD, habitué à tirer sur tout ce qui bouge, ne veut pas être en reste.