Le PLF 2014 semble avoir du mal à séduire. En tout cas, des syndicalistes, des économistes et des hommes politiques sont mécontents en raison des dispositions annoncées dans le projet de loi de Finances. Les réactions recueillies à chaud de plusieurs personnalités laissent ressortir une déception voire un rejet de certaines données contenues dans le PLF.
Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’UMT (Union marocaine du travail), ne mâche pas ses mots. «Il s’agit d’un projet de loi impopulaire et antisocial. Nous sommes doublement déçus par les dispositions de ce texte. D’abord, les mesures proposées dans le cadre du PLF vont pénaliser la catégorie des salariés et fonctionnaires. Ensuite, la méthodologie retenue par le gouvernement est marquée encore une fois par un caractère unilatéraliste», dit-il.
Et de poursuivre : «Nous avions convenu avec le gouvernement Benkirane I de nous réunir deux fois par an. La première en octobre pour débattre et faire des propositions sur le projet de loi de Finances. La deuxième réunion devait avoir lieu chaque mois d’avril pour discuter de l’exécution des dispositions de la loi de Finances. Aucune de ces réunions n’a eu lieu, ce qui est bien dommage. Car à l’UMT, nous pensons qu’une loi de Finances ne se réduit pas à un bilan de dépenses et recettes, mais elle doit refléter une philosophie, une orientation».
Cette centrale syndicale n’est pas la seule à afficher son mécontentement. La FDT (Fédération démocratique du travail) est très remontée contre le gouvernement. «Même si nous n’avons pas encore ouvert le débat avec le gouvernement sur ce projet, nous avons déjà relevé un certain nombre de mauvais signes. Il ne faut pas oublier que le chef de gouvernement avait annoncé la couleur dans sa note de cadrage. Le résultat ne pouvait pas être différent de ce que cette note avait fixé», affirme Abderrahmane Azzouzi, secrétaire général de la FDT.
Et d’ajouter: «On peut bien comprendre la conjoncture difficile sur le plan économique et financier mais nous avons la certitude que d’autres solutions existent, autres que celles proposées aujourd’hui par l’Exécutif». Pour sa part, Mohamed Grine, économiste et membre du conseil de la présidence du PPS (Parti du progrès et du socialisme), affirme qu’il s’attendait à une approche plus novatrice. «Je pense que le PLF 2014 pèche par sa facilité. Car il est bien trop facile, par exemple, d’augmenter le taux de la TVA (Taxe sur la valeur ajoutée).
A l’inverse, on aurait bien pu taxer les produits de luxe, notamment les voitures, les yachts… Aussi, on aurait pu supprimer la contribution au fonds social et créer une nouvelle tranche pour taxer les plus gros salaires dépassant un million de dirhams par exemple. Il a certes fait un effort en éliminant certaines exonérations, mais encore une fois on aurait pu faire plus et mieux», explique-t-il.
S’agissant des changements annoncés sur la TVA, Grine attire l’attention contre certains bugs. «Le gouvernement a accédé à la demande du patronat sur la récupération de la TVA le même mois et non pas le mois d’après. C’est une bonne chose. Le hic, c’est que dès le début de l’année prochaine, on devra restituer les taxes du mois de décembre 2013 et celles de janvier 2014. Une répartition de cette taxe sur cinq ans est également évoquée dans l’un des articles du PLF. Personnellement, je trouve cette disposition incompréhensible», conclut-il.