L’heureux présage de pluies qui tombaient dru au moment où se sont ouverts hier à Skhirate les travaux de la 3ème réunion du comité paritaire entre membres du gouvernement et partenaires a dominé les travaux de cette réunion annuelle consacrée au suivi de l’état d’avancement de la mise en œuvre des contrats-programmes lancés dans le cadre du Plan Maroc Vert. Le ministre de l’agriculture et de la pêche maritime a déclaré qu’il en espérait grand bien pour la campagne qui court. «Elle ne sera pas aussi bonne que la précédente, mais elle ne sera pas non plus aussi mauvaise qu’on l’a avancé», a-t-il déclaré avant de donner un bref aperçu sur les progrès engrangés par la mise en œuvre du programme. Le PMV, qui est un programme de développement de l’agriculture par secteur, a permis d’accroître les surfaces irriguées de 130 ha, l’utilisation de tracteurs de 27% par mille ha, celle des semences de 50% et de lancer 108 projets pour un investissement de 25 milliards de dirhams. Aziz Akhannouch a également indiqué que la mise du Fonds de développement agricole a été portée de 1,5 à 2,5 milliards de dirhams durant l’année dernière et que la production agricole a enregistré une augmentation de plus de 40%. Il a également précisé que dans certains secteurs spécifiques, le PMV a atteint ses objectifs avant l’échéance fixée. Cependant, a-t-il déclaré, le développement constaté est contrasté tant au niveau des secteurs qu’à celui des régions, dont certaines accusent des retards auxquels il a invité l’assistance à formuler ses attentes en vue d’y trouver solution. Pour ce qui est de celles annoncées, le ministre a décliné le programme arrêté par son département au titre de l’année 2012. Il mentionne que l’enseignement et la recherche agricole seront améliorés, que l’assurance sera étendue jusqu’à couvrir la totalité des secteurs d’ici à 7 ans, que les produits locaux seront valorisés et que les exportations seront encouragées et la commercialisation affinée. Anticipant les interrogations des représentants des organisations professionnelles, de la Fédération des Chambres d’agriculture et des partenaires financiers qui ont assisté à la réunion aux côtés de ceux des ministères concernés, Aziz Akhannouch a annoncé que le projet de loi sur l’interprofession pourrait voir le jour cette année et que ce faisant, un des impedimenta qui retarde la marche vers le progrès sera levé. En fait, a-t-il déclaré, le PMV est plus qu’une action au service du développement de l’agriculture, c’est un plan contre la pauvreté. «Eu égard à cet objectif et considérant les bons augures de ce jour, je vous invite à garder espoir», a-t-il lancé à l’assistance. Comme l’a voulu le ministère, la 3ème réunion du comité du du PMV a été un instant d’écoute et d’échange avec ceux qui vivent l’évolution de l’agriculture au quotidien. C’est ainsi que les opérateurs n’ont pas manqué de saisir le ministre de leurs problèmes. Deux sujets ont dominé les interventions : les difficultés rencontrées au niveau de la commercialisation des produits et «la paix sociale», c’est-à-dire les grèves. Plusieurs opérateurs ont attiré l’attention sur le fait que les arrêts de travail qui dans d’autres secteurs d’activité sont sans conséquences fâcheuses sur le produit, sont au contraire désastreux en ce qui concerne des denrées périssables comme les produits agricoles. Ils ont également appelé à l’extension de l’assurance contre les aléas climatiques à des phénomènes qu’elle n’avait pas prévus tels que le gel. Mais surtout, ils ont dit leurs attentes en ce qui a trait à la commercialisation. 50% des produits vont à la consommation domestique et il ne sert à rien d’améliorer la production si on ne lui assure pas des débouchés convenables en nombre suffisant, ont-ils affirmé. Relayé par un représentant du ministère de l’intérieur, Aziz Akhannouch a répondu qu’il est sensible à la question et qu’en élargissant le cadre des compétences des collectivités locales, la nouvelle loi sur la régionalisation devrait aider à trouver solution au problème.
Le ministre a, en outre, mis son auditoire devant ce choix : faut-il consacrer l’essentiel des crédits à l’arrachage des vieux vergers ou faut-il au contraire en faire bénéficier leur renouvellement? Une question de stratégie qui n’a laissé personne indifférent et sur laquelle les avis sont partagés.