Dès juin 2006, les fonctionnaires du ministère des Finances et de la Privatisation auront droit à des primes dont le montant dépendra d’un nouveau système d’évaluation mis en place par les services de Fathallah Oualalou et qui agace déjà les syndicats. Ces derniers, après que la CDT ait ouvert le front des hostilités, ont décidé d’observer une grève jeudi 8 décembre 2005.
Les syndicats estiment que ce nouveau système de notation risque de se traduire par une remise en question des droits acquis du personnel du ministère pendant plusieurs années et disent surtout leur colère de ne pas avoir été consultés avant d’être mis face au «fait accompli». Car, c’est ainsi que Mohamed Daidaâ, secrétaire général du Syndicat national des Finances (SNF-CDT), qualifie la démarche des services centraux du département de Fathallah Oualalou. «nous ne sommes pas contre l’amélioration du rendement vu qu’il s’agit de renflouer les caisses de l’Etat et de servir l’intérêt général du pays, mais à condition que cela se fasse sur la base de critères clairs et d’objectifs bien déterminés après un dialogue franc et transparent», déclare Mohamed Daidaâ qui va jusqu’à considérer «illégale» la décision signée par Oualalou le 14 octobre 2005. Pour le syndicaliste CDT, le système de notation «imposé» par Oualalou inclut des critères qui manquent d’objectivité et qui risquent de déboucher sur de graves violations des droits des employés qui devront faire face à de « véritables et directs prélèvements sur leurs indemnités». Le même son de cloche, on le retrouve chez les autres syndicats, y compris la FDT qui prend part à la grève générale de jeudi prochain. Pour Mohammed Ennouhi, secrétaire général du syndicat des finances (UMT), ce nouveau Système de notation a été arrêté de manière unilatérale et «subjective». Ce système, ajoute-t-il, «laisse les mains libres aux responsables des services qui ne procéderont que selon leur pouvoir d’appréciation». Pour ce syndicaliste, c’est une « grave remise en question des droits des fonctionnaires des Finances au moment où ce dernier aurait mieux fait de résoudre d’autres problèmes». Ennouhi fait allusion à la polémique suscitée notamment par les concours comme voie d’accès aux postes de responsabilité.
La décision de Fathallah Oualalou, autre aspect qui agace les syndicalistes, n’a pas été communiquée aux premiers concernés, mais a fait plutôt l’objet d’une «fuite». Faute d’être communiquée officiellement depuis sa signature il y a près de deux mois, les fonctionnaires se sont relayés la “mauvaise nouvelle” par courrier électronique.
Que contient cette fameuse décision ? Aucune introduction, mais le listing d’une série d’articles (neuf au total) dont le plus contesté est le troisième. C’est ce dernier qui contient les 12 critères d’évaluation : «connaissance des matières traitées », «assiduité», «autonomie», «capacité d’adaptation», «esprit d’initiative et d’innovation», mais «discrétion et confidentialité» et «communication»… La décision est accompagnée d’un formulaire d’évaluation qui détaille un peu plus ces critères et qui fait surtout sortir les syndicalistes de leurs gonds. Pour le critère « communication » par exemple, on le retrouve défini comme suit : « Exprime ses idées clairement » et « Ecoute attentivement et saisit bien tous les éléments du discours ». Pour un syndicaliste, cela se passe de tout commentaire. Chaque critère est noté sur une échelle de 1 à 4 , entre la mention «insuffisant » et celle « très satisfaisante ». Les fonctionnaires du ministère des Finances devront arracher le maximum de points sur les 100 qu’inclut la notation. Une note de moins de 50 points, c-à-d en dessous de la moyenne, doit, elle, faire l’objet d’un rapport et transmis à la direction pour discussion.
Lesdits fonctionnaires seront évalués à deux reprises par an, en mai et en novembre et les formulaires seront signés par et l’évalué et l’évaluateur. Tout fonctionnaire n’ayant pas été évalué, n’aura tout simplement pas droit à la prime alors qu’il se verra retenir une partie correspondante aux journées d’absence injustifiée et des journées d’absence pour maladie si cette durée excède trois jours par semestre, autre aspect contesté par les syndicats.
Pour ne rien arranger, ce système de notation prévoit (sur les 100 points) 80 pour la performance individuelle et 20 pour la performance collective.
La CDT prévoit déjà d’autres débrayages en 2006. Il s’agit de grèves prévues en janvier et, mais surtout d’un débrayage de 72 heures les 29, 30 et 31 mars. Ce syndicat (92% des sièges des commissions paritaires au niveau national) remettra sur le tapis ses revendications relatives aux affaires sociales, à l’horaire continu, à la promotion exceptionnelle et au statut des inspecteurs-adjoints.