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Projet de pêche artisanale : Les Aires maritimes protégées font leur entrée au Maroc

© D.R

La pêche maritime au Maroc s’apprête à vivre un nouvel épisode de son histoire avec l’introduction des Aires maritimes protégées (AMP). Un concept nouveau pour nos pêcheurs nationaux, mais important pour la préservation des richesses de notre littoral.
 

En effet, la position écologique exceptionnelle des eaux maritimes marocaines et leur biodiversité remarquable sont autant d’atouts naturels du pays à préserver. Aussi, cette nouvelle approche s’inscrit dans le projet pêche artisanale, financé par la Millennium Challenge Corporation (MCC) et mis en œuvre par l’Agence du partenariat pour le progrès (APP) qui comprend donc la mise en place d’AMP aux fins de pêche et la création d’AMP pilotes au Maroc.

Il convient de noter que cette composante s’intègre dans une conjoncture nationale favorable, notamment avec l’adoption de la stratégie Halieutis, dont la durabilité des ressources halieutiques constitue un axe stratégique important, mais aussi, avec l’élaboration de la nouvelle Charte nationale pour la protection de l’environnement et le développement durable (CNEDD) qui a vocation à s’ériger comme la Bible du secteur.

Ainsi, les ressources biologiques marines du pays sont très riches et très diversifiées avec plus de 7.825 espèces dont 7.136 formes animales et 689 espèces végétales.

Cependant, la majorité des stocks évalués montre des signes patents de surexploitation et seul le stock des petits pélagiques est encore sous-exploité, sans compter la dégradation des habitats sous l’effet de diverses causes dont la pollution, l’urbanisation et les filets fantômes.

C’est à l’ombre de ce constat alarmant que la nécessité d’investir dans la création d’AMP accompagnant les efforts du ministère de tutelle en la matière était devenue évidente. Surtout que les AMP sont généralement considérées comme des outils de conservation mais aussi des outils permettant d’assurer la gestion et l’aménagement des ressources marines, en particulier à travers une meilleure gestion des activités humaines, dont la pêche et le tourisme.

C’est ainsi que la question de la gouvernance des AMP Pêche artisanale ne peut se poser sans la création d’un cadre institutionnel et réglementaire spécifique qui s’adapte aux besoins de chaque localité. Dans ce sens, une stratégie nationale a été développée dans le but de mettre en place un réseau d’AMP Pêche capable de répondre à ces besoins. Cette organisation a, en effet, pour but de formuler, dans une approche participative, un plan d’aménagement et de gestion adaptable aux spécificités de chaque AMP Pêche, exécutable par des comités de gestion ou de cogestion locaux.

D’un autre côté, le choix des AMP Pilotes s’est fait selon un processus qui se déroule en trois étapes successives. D’abord, il s’agit de démontrer l’éligibilité appréciée sur la base d’une grille d’évaluation documentée par une équipe d’experts (approche expert). Ensuite, il faut voir l’acceptabilité par les parties prenantes locales. Et enfin, la faisabilité à l’égard des climats institutionnels et socioprofessionnels régnants semble de mise. À noter que la population des marins pêcheurs de 27 sites de pêche artisanale a été sensibilisée et consultée.

En attendant, le projet est là et avance doucement mais sûrement vers la préservation des ressources littorales du Royaume.

 

Les Aires maritimes protégées dans le monde

Il existe six catégorie d’aires maritimes protégées dans le monde. Ce classement établi par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) varie suivant l’intensité de la protection. «Le concept a été généralisé par la Convention sur la diversité biologique (CDB), qui recommande de protéger par des mesures spécifiques les zones marines et côtières particulièrement menacées, mais la plupart des conventions régionales pour la protection de l’environnement marin (OSPAR, Convention de Barcelone, etc.) préconisent la création de telles zones de protection», relève-t-on.

Par évaluation géographique, 4.600 Aires maritimes protégées dans le monde couvraient 0,6 % de la surface des océans en 2000, contre 9 % des surfaces terrestres. Des études ont démontré que cette surface a augmenté, mais ne couvrira qu’environ 0,8% de l’océan. «Seul un dixième de cette surface est réellement et efficacement protégé», précise-t-on.

Et de poursuivre que «la croissance de la superficie classée en AMP n’est de 5% par an». Notons qu’un tiers des pays riverains concernés par les AMP est européen. Citons dans ce sens Chypre, Espagne, France, Grèce, Italie, Malte et la Slovénie. Pour rappel, la plus vaste et longue Aire maritime  protégée du monde a été créée le 15 juin 2006 au large des littoraux des iles du nord-ouest d’Hawaii par le gouvernement américain.

Elle recouvre environ 36 millions d’hectares marins, dont 1,16 million d’hectares de récifs coraliens et abrite plus de 7.000 espèces marines.

 

A propos de l’AMP

«Une Aire maritime protégée (AMP) est une zone intertidale ou subtidale du terrain, associée à la colonne d’eau qui la recouvre, sa faune, sa flore, ainsi que ses particularités historiques et culturelles», telle est la définition technique attribuée par les professionnels aux AMP.

Et de préciser que «cette zone est réservée par la loi ou par d’autres moyens visant à protéger une partie ou l’entièreté de l’environnement qu’elle délimite entrant ainsi dans le code d’une stratégie de conservation utilisée dans la gestion des ressources naturelles».

Les Aires maritimes protégées représentent plusieurs intérêts en particulier d’ordre écologique, inscrites dans le cadre de la protection et restauration du patrimoine naturel. De même, les AMP présentent une attraction touristique, culturelle et pédagogique. L’intérêt halieutique est indéniable ainsi que l’intérêt potentiel, notamment en termes d’autorégulation de la pêche par sa rentabilité.

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