Ils sont jeunes. Ils sont formés, et bien, au Maroc. Et ils disposent d’un potentiel énorme et de formations à même à la fois de leur garantir des carrières respectables et de servir une administration qui, maintenant et plus que jamais, a besoin d’eux. Et pourtant, ils décident bon gré, mal gré, soit d’opter pour un secteur privé certes plus exigeant en termes de rendement, mais qui « paye mieux », soit de plier bagage et chercher de meilleures perspectives…à l’extérieur du pays. « Je ne m’imagine pas en train de moisir dans une administration qui prend en considération plus l’échelle à laquelle je correspond que ce que je suis capable de faire vraiment. Je ne peux pas me contenter d’attendre les fins de mois pour toucher des miettes », déclare Younès, étudiant ingénieur à l’Institut national des postes et télécommunications, en dernière ligne droite pour entamer sa carrière et qui, à l’image de la plupart de ses collègue, à développé une véritable aversion à l’égard de la fonction publique. Pour lui, le salaire est le premier paramètre devant l’aider à trancher dans son choix de carrière. « C’est bien simple, à l’Administration, je n’ai d’autre choix que de me réjouir de quelque 5000 à 6000 DH et de mon échelle 11, censée être honorable. Chez n’importe quel opérateur privé, je peux facilement doubler mon salaire. Au sein d’une multinationale, il ne faut pas compter moins de 15.000 DH par mois », explique celui qui prend d’ores et déjà des cours d’allemand, sait-on jamais s’il n’y a pas mieux ailleurs. Même son de glas pour Salma, étudiante à l’Institut national des statistiques et d’économie appliquée. « Je refuse de servir de faire-valoir à un directeur alors que je peux m’épanouir dans le privé. Ce n’est pas uniquement le salaire qui compte, mais aussi les conditions de travail. Mon choix est fait », tranche-t-elle. D’autres « cas » ont eu à faire l’expérience du publique. L’un d’eux déclare l’avoir fait par solution de facilité. « J’ai opté pour le public parce que l’emploi est garanti, mais aussi parce que je savais que je n’aurai pas à faire grande chose. Je m’en suis retrouvé retraité avant même d’avoir entamé ma carrière. Maintenant, je regrette mais je préfère y rester. Je n’ai pas la force de me lancer dans une aventure ». Celui qui tient ce discours n’est pas un vieux blasé de tout. Il n’a que 35 ans, mais sa vie professionnelle s’est d’ores et déjà arrêtée. Et c’est ainsi que des milliers de jeunes finissent : inutiles. D’autres choisissent des solutions encore plus radicales à la « menace » de la fonction publique. « Je savais que mon bac+4, obtenu à la faculté de Droit de Rabat, n’allait me mener nulle part. Je me suis risqué à partir continuer mes études dans une université française quelconque et faire ma vie là-bas », résume Kamal. Des réactions qui reposent la question de l’utilité de former des gens et ne pas leur offrir le cadre à même de tirer parti de leur formations.