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Quelle récompense pour quel devoir

Il assurait, ce soir, la permanence au commissariat de la police de Casablanca-Anfa. Comme ses collègues, ce brigadier du corps urbain détaché est un homme du devoir, qui obtempère aux instructions et aux ordres de ses supérieurs. Il ignore l’abstention. Quand ses supérieurs lui ont donné, ce soir, des instructions concernant sa préparation pour une intervention, il est resté à attendre sans demander à savoir la destination.
Déjà ses supérieurs n’ont rien divulgué de la mission. Il est monté dnas le fourgon, assis près de ses collègues et s’est rendu compte que le chauffeur les conduissait vers le quartier Sidi Moumen, à Casablanca. Ce qui lui importait à ce moment-là c’était d’assurer la sûreté et la sécurité des citoyens. Et enfin il a appris que l’intervention serait contre des islamistes appartenant à Al Hijra Wa Takfir. Le feu vert de l’intervention a été déclenché et le brigadier s’est trouvé devant deux gaillards, barbus, pratiquant les arts martiaux. Ils l’ont attaqué. Il a dégainé son arme de fonction, il a appuyé sur la gâchette et a tiré. Il s’est perturbé.
La balle l’a trahie, elle n’est pas sortie de l’arme qui n’a pas fonctionné depuis belle lurette. L’un des deux membres d’Al Hijra Wa Takfir a profité de l’occasion, lui a asséné un coup avec épée. Le brigadier s’effondre. «C’est le risque du métier», affirme un responsable de la police judiciaire qui préfère l’anonymat. Et la récompense ? «Une bonification en grade et son salaire augmente d’une somme dérisoire…», précise-t-il.
Pas de prime ? Pas de motivation? pas d’encouragement ? Pas d’hommage ? Une réalité qui choque sans doute. «Nous ne pouvons même pas protester en observant une grève ou au moins un sit-in comme c’est le cas en France…», affirme ce policier qui a passé une dizaine d’année dans ce métier qu’il adore.
«Nous ne disposons même pas d’une assurance maladie, nous ne disposons que d’assurance vie qui est d’une somme de 50 milles dirhams versée à nos familles lorsqu’on meurt…», affirme un autre responsable de la police qui requis, lui également, l’anonymat.
En revanche, si le policier subit une blessure ou une fracture lors de l’exercice de sa fonction, il doit supporter les charges du médecin et des médicaments. «Et on doit attendre que la mutuelle nous rembourse dans un délai d’un an…», précise-t-il. En attendant, «on doit recourir à nos salaires qui varient entre 2500 et 4500 DH pour payer les médecins et les médicaments…», ajoute-t-il.
Par ailleurs, les habitants de l’ancienne médina, à Casablanca n’ont pas encore oublié l’effondrement d’une maison, jeudi 7 novembre, à Derb Al Karma qui a fait trois morts et dix-huit blessés dont trois éléments de la protection civile. L’un de ses pompiers a subi des fractures graves.
«Le danger est imminent dans notre profession…C’est une fonction à haut risque», affirme un responsable de la protection civile.
Lorsque ce dernier se rappelle leur situation il y’a deux ou trois ans, il dit : «Aujourd’hui, N’hamdou Lillah, je dis N’Hamdou Lillah parce qu’avant nous n’avions rien et les salaires étaient dérisoire.
Ce responsable considère les améliorations de la situation des éléments de la protection civile connues ces trois dernières années comme un acquis encourageant. Cependant un autre précise que : «Nous devons avoir toutes sortes d’assurance car on court à chaque instant le risque de mourir dans un incendie ou sous un effondrement…». Le premier précise que «je crois que les portes sont ouvertes pour d’autres nouveautés dans la protection civile…Nous attendons, par exemple, le code des accidents de travail…». Seulement le second responsable explique : «Chaque élément doit avoir ses droits comme nous lui demandons d’assumer ses devoirs avec abnégation depuis son premier jour dans ce corps…». Sinon, «nous ne pensons pas que son salaire qui, varie entre 2400 et 6000 dirhams selon le grade et l’ancienneté, puisse lui permettre de survivre et de payer les médicaments et les soins en cas d’accident de travail…», précise-t-il.
Le premier responsable explique en outre que les oeuvres sociales de la protection civile supportent les charges d’un éventuel accident maladie. Mais le deuxième affirme: «C’est insuffisant…».
Ce qui importe pour un élément de la protection civile et un policier est notre vie et notre sécurité. Ne méritent-ils d’être récompensé moralement et matériellement ?

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