L’attaque cérébrale qui a mis depuis mercredi dernier Ariel Sharon dans un état de coma profond fait planer de sérieuses inquiétudes sur la question de sa succession. C’est ce qui ressort d’une analyse livrée récemment par l’ESISC (European stratégique intelligence and security center). Dans cette analyse, publiée sous l’intitulé «Quelles perspectives pour la scène politique israélienne ?», ce centre soutient que l’hypothèse de la disparition du Premier ministre, Ariel Sharon, vient, d’une part, plonger l’Etat hébreu dans l’incertitude politique et la peur du lendemain, et de l’autre, mettre en parenthèses le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens.
N’y aurait-il donc pas des hommes politiques israéliens capables d’assurer la succession d’Ariel Sharon ? Selon Ilan Greilsamer, de l’Université de Bar-Ilan de Tel-Aviv, cité par l’ESISC, «une génération de grands hommes politiques, qui va de Ben Gourion à Yitzhak Rabin, est en vraie de disparaître. Dans la génération qui suit, il y a bien sûr des gens de grande valeur mais pas de chefs de cette trempe». Depuis Ben Gourion, Ariel Sharon était sans doute, comme l’affirment nombre d’observateurs, le Premier ministre le plus puissant et le plus charismatique qu’Israël ait connu. «Faucon devenu colombe, en créant le parti Kadima (Ndlr: En avant), le Premier ministre espérait non seulement remporter les prochaines élections afin de continuer- sans l’opposition d’une importante partie du Likoud- sa politique de concessions raisonnées aux Palestiniens, mais il entendait surtout marquer de son empreinte l’histoire d’Israël», peut-on lire dans la note de l’ESISC. Maintenant, qui seront les candidats potentiels à la succession d’A. Sharon ? Les pronostics donnent quatre favoris : Ehoud Olmert, vice-Premier ministre et fidèle compagnon d’A. Sharon depuis plusieurs décennies ; Shaoul Mofaz, ministre de la Défense, et ancien chef d’état-major de l’armée d’Israël ; Tzipi Livni, ministre de la Justice, connue pour avoir supporté les plans de désengagements d’Ariel Sharon de la bande de Gaza; Shimon Peres, vice-Premier ministre, et ancien membre du parti travailliste, qui a intégré dernièrement le Parti Kadima, un parti se situant au centre et contenant des membres qui appartenaient aussi bien au Likoud qu’au Parti travailliste.
Quant à Benyamin Netanyahou, il représente un Likoud, il est vrai, affaibli par le départ d’Ariel Sharon, mais qui reste en mesure d’inverser la tendance à son profit.