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Radi en position de favori

Le temps politique a ceci de particulier : sa température change au gré des petits événements, des petits détails, parfois avant les grands bouleversements. Au Maroc, cela se vérifie ces derniers jours avec une précision qui n’est jamais démentie. A chaque réunion d’une instance partisane, tout le reste est suspendu. Et comme la carte politique issue des législatives n’a pas trop aidé à la clarification, on est resté sur notre faim, et chaque frétillement, chaque rencontre entre deux dirigeants politiques même au hasard est interprétée comme une tentative d’alliance, de déterrement de la hache de guerre avec les autres…
Jeudi dans la soirée, on était suspendu aux décisions du comité central de l’USFP . La participation au gouvernement étant donnée pour acquise, ses conditions par contre n’étaient pas faciles à deviner et c’est pour cette raison que jusqu’au petit matin de vendredi, les spéculations allaient bon train. Il faut dire que la réunion du comité central de l’USFP n’est jamais passée inaperçue et que ses sessions constituent des moments forts de la politique marocaine. D’autant plus que ces assises se tiennent, cette fois-ci, dans une conjoncture particulière.
Cela est valable dans une certaine mesure pour le parti de l’Istiqlal. Lui aussi a tenu une réunion de son conseil national, la plus haute instance du parti après le congrès. Le moment nécessite une mobilisation à tous les niveaux et une implication de tous pour rectifier les tirs. Et le PI était acculé à effectuer beaucoup de rectificatifs. Un conseil national dont les travaux étaient axés sur le futur gouvernement que Driss Jettou, le Premier ministre, doit présenter dans les jours à venir. M. Jettou, pour sa part, a poursuivi ses entrevues avec l’ensemble des dirigeants politiques. Une nouvelle rencontre avec le PJD ne fait pas partie de son agenda. Il a eu une réunion avec les dirigeants de l’Union constitutionnelle et du Parti national démocrate. Les deux formations avaient formé un groupe parlementaire commun et se présentent comme une force parlementaire non négligeable. « Cette réunion s’inscrit dans le droit fil des prérogatives du premier ministre. Il consulte l’ensemble des acteurs politiques pour déterminer quelle configuration prendrait son cabinet. Mais rien n’est encore décidé pour nous, parce qu’il faut avant tout savoir sur la base de quelles conditions ce cabinet va être mis en place et avec quelles formations politiques », nous dit Mohamed Abied, secrétaire général de l’UC.
Même son de cloche au PND. Selon Milouda Hazeb, membre du bureau politique et secrétaire général-adjoint du parti, et parlementaire, rien n’est encore joué puisque rien n’est clair. « Peut-être que l’on va s’acheminer vers un gouvernement d’union nationale. A voir le changement de ton adopté samedi par Abbas El Fassi à l’issue des travaux du conseil national du parti, on a bien l’impression que tout le monde veut faire partie du gouvernement Jettou.
Surtout quand on ajoute à ce revirement les récentes déclarations des dirigeants du PJD, qui font avancer l’idée de leur probable participation sans veto ni condition… On ne sait pas comment M. Jettou va faire pour démêler cette situation et peut-être qu’on attend le retour au pays de S. M. le Roi », dit celle que l’on qualifie de femme de caractère et que l’on considère comme ayant des chances d’être ministre si le parti fait son entrée au gouvernement…
Si le comité central de l’USFP a ouvert la voie à la participation, si le PJD laisse entrevoir des possibilités d’aller au gouvernement, l’Istiqlal revient à sa vocation initiale, celle de gouverner sans conditions et on voit mal comment le reste des formations politiques diront non. Le PPS, le PSD et Al Ahd ont mnifesté leur volonté de « participer » tout comme le FFD de Thami El Khyari. Ce dernier nous déclare que du moment qu’un accord a été trouvé sur la reconduction d’Abdelouahed Radi à la tête du parlement, la configuration de la future majorité est plus visible. Et d’ajouter que la formation du gouvernement se fera sans problèmes apparents. « On attend uniquement le retour de S. M. le Roi Mohammed VI », conclut-il.
Le tour est donc joué, si l’on en croit les uns et les autres. On reconduira la même majorité, avec quelques aménagements. Mais avec pour objectif une plus grande efficacité. On ne reprendra pas les mêmes pour recommencer. Sinon, le temps politique deviendra une répétition continuelle. Un cercle vicieux…

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