La dernière session du conseil provincial de Nouaceur, tenue mardi 8 novembre 2005, a été marquée par une vive polémique quant aux projets de l’INDH prévus dans la province et notamment le programme de résorption de l’habitat insalubre. Présidée par le secrétaire général de la province, cette session a été quasiment monopolisée par une mystérieuse histoire de 608 logements correspondant à autant de ménages à reloger. Pour plusieurs élus ayant participé à cette session, les informations fournies à Sa Majesté le Roi font état de 8.700 ménages à reloger (700 à la commune rurale de Bouskoura et 8.000 à la commune rurale de Nouaceur). Or, un petit calcul montre que pour Nouaceur, les ménages à recaser sont au nombre de 7392. Restent les 608 autres ménages qualifiés de « fictifs » et devant servir à quelque opération pas trop orthodoxe selon certains membres du conseil provincial. Il serait question, entre autres, de réserver ces logements pour les besoins de relogement des bidonvillois de Douar Adyane Errass rattaché dernièrement à Anfa. La finalité serait de débarrasser le promoteur immobilier dont le terrain est squatté par ces bidonvillois. Des élus évoquent également le cas de Douar Touinchat et un total de 572 ménages à reloger. Ce bidonville devait disparaître dans quelque temps grâce au projet « Annakhil » ébauché il y a près de deux ans et qui en est à sa deuxième tranche. Surprise ! Ledit Douar figure également parmi les projets de l’INDH. Autrement dit, le promoteur, qui aura déjà bénéficié de toutes les facilités et dérogations, ne sera plus obligé de réserver 20 % des milliers d’appartements en construction aux personnes à revenus modestes (soit un appartement à 120.000 DHS). Une partie des membres du conseil provincial de Nouaceur disent aujourd’hui attendre des éclaircissements du gouverneur de la province et vont jusqu’à demander que soit dépêchée sur les lieux une commission d’enquête. Contacté par ALM, le gouverneur de la province, Allal Sekrouhi, affirme qu’il n’en est rien et qu’il s’agit d’allégations infondées. Selon lui, tout se passe et se passera dans la plus totale transparence et d’expliquer que, depuis 2004, la province a tenu à recenser tous les bidonvillois, mais qu’il se peut qu’il y ait eu des noyaux qui n’ont pas été inclus lors de la présentation des projets à Sa Majesté le Roi. Des spécialistes nous expliquent d’ailleurs qu’il arrive qu’on prévoit dans ce genre de projets une centaine ou plus de logements pour faire face à un imprévu et pour répondre à toutes les demandes.
Allal Sekrouhi ajoute que tout se déroule dans le respect des conventions signées et qu’une société anonyme sera mise en place pour la mise en œuvre, prochainement, de tous les projets. Le holding « Al Omrane » participera à cette société anonyme à raison de 49 %. Quant au Douar Touinchat, le gouverneur de la province de Nouaceur qui préside le comité provincial INDH affirme qu’il n’existe pas d’engagements écrits portant obligations pour le promoteur en question.
« Est-ce que ce n’est pas une campagne électorale avant terme ?! », s’interroge Sekrouhi quand on l’interroge sur les raisons qui l’ont amené à interdire l’octroi de permis de branchement au réseau électrique sans l’aval de l’agence urbaine et sauf pour les ménages concernés par le programme d’électrification rurale. Le responsable fait allusion à l’association Haddaouiya pour le développement qui avait entrepris de relier plusieurs milliers de foyers au réseau électrique pour la modique somme de 1.000 DH. Les responsables de cette dernière s’offusquent de voir le tout confié à l’ONE (Office national de l’électricité) qui facture ce service à 1.800 DH par foyer relié. Là aussi, explique Sekrouhi, il s’agit de respecter la convention signée avec l’ONE qui prélève 60 DH par mois seulement et qui terminera tout le travail vers mars prochain au plus tard.
Bouskoura et Nouaceur, avant, mais surtout après le lancement de l’INDH, connaissent une spéculation foncière qui bat son plein avec le mètre carré qui vaut désormais près de 800 DH. Les promoteurs immobiliers se frottent les mains et beaucoup ont commencé à en tirer profit. L’une des astuces consiste à acquérir, à prix bas, les lots de terrain occupés par les bidonvillois à reloger. Surtout qu’ils ont l’assurance que ces derniers seront évacués grâce aux projets de l’INDH déjà en chantier.