En obtenant le soutien de l’Istiqlal, du Mouvement populaire (MP) et du Parti du progrès et du socialisme (PPS), le nouveau chef de gouvernement a finalement réussi à former une majorité de 217 sièges au Parlement. Mais, les problèmes de Abdelilah Benkirane ne s’arrêtent pas là. Chacun des trois partis politiques, ayant accepté d’être aux côtés du patron des islamistes à l’Exécutif, a ses propres ambitions pour ce qui est de la répartition des portefeuilles ministériels. De ce fait, lors d’un second round de concertations avec ses alliés, M. Benkirane aura la lourde tâche de veiller au partage des postes ministériels d’une façon qui satisferait les ambitions des uns et des autres. Et à commencer par le parti dirigé par Abbas El Fassi qui souhaite avoir une représentativité qui correspond à sa place et au nombre de sièges qu’il a obtenus lors des législatives du 25 novembre. A l’issue des concertations internes entretenues dans le cadre d’une commission restreinte au sein de son comité exécutif, l’Istiqlal a placé la barre très haut en ne demandant pas moins de 10 portefeuilles. Il s’agit, selon une source bien informée, des portefeuilles des Affaires étrangères, de l’Equipement, de l’Enseignement, de l’Artisanat, de la Jeunesse et des sports, et du ministère chargé des collectivités locales, entre autres. Sur ce point, l’Istiqlal qui se trouve en position de force, par rapport aux autres partenaires, se déclare ne pas être prêt à faire des concessions. Le Comité exécutif du parti de la balance qui a reçu des dizaines de CV des candidats aux postes ministériels devait tenir hier une réunion pour fixer les critères de sélection parmi les différents candidats. De son côté, le MP qui a rendu officielle, mardi en début de soirée, sa participation au gouvernement, voit également grand. Ce sont les ministères structurants et ceux liés au développement du monde rural que demande Mohand Laenser. «Nous souhaitons assumer pleinement notre responsabilité dans le cadre du prochain gouvernement à travers les départements socioéconomiques vitaux et structurants. Et nous avons des cadres compétents, qualifiés et charismatiques pour assurer», précise Mohamed Moubdi, membre du bureau politique du MP. «Nous souhaitons également obtenir des portefeuilles liés au monde rural et au développement des régions marginalisées», ajoute M. Moubdi. Pour sa part, le PPS préfère ne pas dévoiler ses ambitions tant que la décision de la participation n’a pas été officiellement prise par le Comité central du parti. Mais le parti de Nabil Benabdellah, qui a fait la différence pour ce qui est de la formation de la majorité après la défection de l’USFP, ne fera certainement pas de cadeaux à M. Benkirane. «Certes, nous conditionnons notre participation au gouvernement par le respect d’un contrat-programme, mais nous aurons certainement notre mot à dire sur l’architecture du prochain gouvernement. Pour le moment, on n’en est pas encore là. Nous attendons toujours la décision du Comité central du parti», relève Karim Taj, membre du bureau politique du PPS. Ceci dit, et après avoir eu l’accord de l’Istiqlal, le MP et le PPS, le nouveau chef de gouvernement, qui souhaite réduire le nombre de portefeuilles ministériels, devra passer au stade de la négociation en termes d’offres et de contre-offres. A noter qu’au-delà des ambitions des conservateurs, des libéraux et des communistes, ce sont les islamistes victorieux qui désirent avoir la grande part du gâteau.