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Retraite : La réforme en douce

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Après dix années d’attente, le gouvernement Benkirane, mis au pied du mur, se trouve dans l’obligation de lancer une réforme. Une réforme qui se limitera à la CMR, une caisse réservée aux fonctionnaires du secteur public et des collectivités locales.

Les regards se tournent aujourd’hui vers la CMR (Caisse marocaine des retraites). La Caisse tient en effet son conseil d’administration au cours duquel les contours de la réforme des retraites seront dévoilés. Après dix années d’attente, le gouvernement Benkirane, mis au pied du mur, se trouve dans l’obligation de lancer une réforme. Une réforme qui se limitera à la CMR, une caisse réservée aux fonctionnaires du secteur public et des collectivités locales. Seulement voilà, une résistance syndicale commence déjà à se former.
Le projet de réforme des caisses de retraite sera-t-il conduit à battre en retraite? La question est posée depuis que la CMR, – principale composante du système des pensions civiles, et l’un des régimes les plus anciennement établis-, s’est dite opposée au projet, et que les syndicats s’y montrent hostiles. Ces derniers n’ont en effet pas fait mystère de leur volonté de faire pièce aux plans du gouvernement sur ce qu’il tient pour l’un des éléments-clés de son plan global de réformes.

Mais s’ils sont unis dans l’opposition, la CMR – le régime applicable aux non militaires en fait – et les syndicats, sont mus par des motivations totalement différentes. Pour la caisse en effet, cette réforme n’est pas une nécessité dès lors qu’elle n’est pas menacée de faillite, comme le laissent penser les tenants du projet du gouvernement. Estimant que la situation financière de l’organisme a été minorée, des membres de son conseil d’administration auraient déclaré qu’en réalité les finances du régime civil de la caisse sont excédentaires de plus de 2 milliards de dirhams.
Or, le déficit croissant des différents régimes de retraite est la principale cause qui a amené à envisager la refonte du système de retraire global.

Selon une étude du Haut-commissariat au Plan (HCP) sur la soutenabilité du système, la principale difficulté de sa viabilité réside dans le fait que le niveau des cotisations des différentes caisses a baissé depuis 2005 pour atteindre 3,2% du PIB en 2009, alors que celui des dépenses n’a cessé de s’accroître pour atteindre 2,87% du PIB à la même date et que le gap entre les niveaux de l’une et de l’autre va en s’aggravant. Ce qui entraîne cette conséquence : l’excédent financier de l’ensemble des caisses a tendance à diminuer, passant de 0,95% du PIB en 2005, à 0,33% en 2009. Dans les détails, l’étude note que pour le RCAR, les dépenses ont progressé de façon spectaculaire en 2008 et 2009, tandis que la baisse des recettes a été légère, dans les années les plus récentes, pour la CNSS et la CMR et que pour la CIMR et le RCAR le niveau est resté stable.

Plus globalement, le régime des retraites se caractérise par la multiplicité des caisses et la diversité de ses règles, l’évolution divergente du nombre de ses bénéficiaires et de ses cotisants et la dégradation de la situation financière des caisses. 

Ces obstacles sont par ailleurs aggravés par une évolution démographique caractérisée par la baisse progressive des effectifs de la population jeune à long terme et le vieillissement inéluctable de la population globale. De fait, le nombre des cotisants qui était de 2,7 millions en 2009, a enregistré, au cours de la période 2000-2009, un accroissement annuel moyen de 4,1%, niveau relativement faible comparativement au nombre de bénéficiaires qui a augmenté durant cette même période à un taux annuel moyen de 6,6%. «Situation qui a eu pour conséquence une détérioration du rapport démographique global des caisses de retraite qui est passé de 15 actifs pour un retraité en 1980 à 5,8 actifs en 1993 et à 3,9 actifs en 2009».

Verdict des experts à l’examen de ces chiffres : le système de retraite actuel est insoutenable. Afin de résoudre le problème, il serait indispensable d’agir sur le taux d’emploi et le taux de couverture.  La première mesure a pour but d’augmenter le nombre des cotisants. Elle consiste à rendre obligatoire l’affiliation pour tous les individus qui commencent à travailler, ce qui permettrait d’augmenter progressivement le taux de couverture au voisinage de 86,8% à l’horizon 2050.

Une deuxième mesure qui pourrait être mise en place consiste à augmenter l’âge légal de départ à la retraite. L’hypothèse retenue est qu’à partir de 2015 cet âge légal est porté à 62 ans contre 60 ans actuellement. L’enjeu de cette décision que le gouvernement s’est empressé de prendre une année à l’avance sur les prévisions des experts est immense. L’écart croissant entre les dépenses (7,7% du PIB en 2050) et les recettes (2,6% du PIB en 2050) fait  que le système de retraite va générer des déficits considérables (5,1% du PIB en 2050).
Un bémol à ces mesures néanmoins : l’effet de l’augmentation de l’âge de départ à la retraite à 62 ans sur la situation financière du système serait très modeste et son effet sur le déficit total du système de retraite  légèrement positif à court terme et nul, voire négatif, à long terme.w

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