ALM : Quel bilan faites-vous de ces Assises nationales du tourisme ?
Saïd Scally : Un bilan positif. J’aurai évidemment souhaité que l’on n’ait pas à répéter l’après-midi ce qui a été dit le matin. Mais dans l’ensemble, il y a eu de franches discussions objectives et constructives. En tant que professionnels, nous avons toujours besoin de maintenir la pression sur les pouvoirs publics,d’une part et, d’autre part, de nous dire les choses sans fard. A ce propos, les Assises régionales constitueront une bonne base pour l’élargissement de la concertation. Cependant, les étaler sur une journée est insuffisant. Il nous faut au moins deux journées pour faire des travaux de synthèse d’abord, ensuite établir des propositions pour les présenter aux pouvoirs publics. Et puis, on doit venir à cette rencontre avec des suggestions. Ces Assises nationales ont servi plus à présenter un bilan, un diagnostic du déroulement de la vision 2010, qu’à dresser un calendrier pour des échéances futures.
A propos de bilan, vous avez été assez réservé sur certains aspects de l’étude présentée par Amyn Alami ?
Ecoutez, je pense que sur la question de l’aérien, on ne peut pas dire aujourd’hui que l’on est arrivé à 100% de ce qui était proposé dans la vision 2010. Idem pour ce qui est du foncier. Cela dit, je ne nie pas qu’il y a des progrès, mais la libéralisation n’est pas achevée. Des efforts ont été consentis par la compagnie nationale dans l’ajustement de son offre et la mise en place d’une com pagnie adaptée de point en point. Mais il y a encore beaucoup de choses à faire. Même chose pour l’apuration du foncier. En ce qui concerne Agadir par exemple, quand on fait le bilan des réalisations, il est important d’avoir en tête l’idée que Founty 1 était bien antérieur au programme 2010, que le projet de Riu Tikida de Guy Marrache était bien antérieur à ce programme. Il en de même du Palais des Roses, le Millenium aujourd’hui devenu Sofitel.
Vous êtes président du CRT. Quel rôle joue cette instance aujourd’hui ?
Je l’ai dit ce matin, la mission des CRT et leurs prérogatives restent floues. Je suis président de CRT et je ne sais pas ce que c’est qu’un CRT. Doit-il, comme l’a dit le ministre, se confiner dans un rôle d’exécution et de planification du budget, être un cadre de concertation avec les élus (c’est le cas déjà), ou comme c’est aussi le cas, s’impliquer dans la promotion ? Ce sont autant de questions qui attendent une bonne clarification.
Le ministre du Tourisme a justement évoqué ce sujet en parlant des fameux plans de développement régionaux, les PDR…
Effectivement, ces études seraient même prêtes pour Fès et Agadir. Reste à connaître le contenu pour éventuellement en voir l’utilité. Les craintes résident seulement dans le fait, comme l’a déclaré, Rachid Filali, le Wali d’Agadir, que ces travaux confiés à des cabinets, ne nous révèlent rien que nous ne savions déjà. Je me range d’ailleurs du côté des suggestions des wali de Marrakech et d’Agadir, tous deux présents à ces Assises et qui ont demandé un véritable cahier des charges dans le cadre de la politique régionale.
Les chiffres et les statistiques continuent toujours de susciter le débat entre le ministère et les professionnels?
Oui, mais nous sommes en train de rapprocher nos visions. Nous devons dépasser cette question et nous pencher sur des problèmes réels, sur les cas urgents.Les chiffres et les statistiques doivent nous servir à mesurer le chemin parcouru, à avoir une idée des politiques que nous appliquons. Dans cet exercice difficile qu’est le bilan, comparer la situation actuelle avec, c’est un simple exemple, l’année 1995 peut nous faire croire que tout va bien et que nous progressons à grande vitesse. Surtout quand il n’est pas précisé que cette année en question a été difficile en termes d’arrivées et de nuitées. Aussi, la meilleure comparaison à faire serait avec l’année de référence, 2000.