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Saïd Sefsafi : «Ce projet de loi est non démocratique»

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ALM : Quelles sont les lacunes de ce nouveau texte?
Saïd Sefsafi : Les lacunes de ce texte sont multiples. Il convient juste de rappeler, sur la forme, que l’origine du statut général de la fonction publique de 1958, qui a fait l’objet d’amendement par le nouveau texte, n’est autre que le statut général français de 1948. Ce texte a été rédigé au départ en français puis il a été traduit en arabe. C’est ainsi donc que plusieurs contradictions entre les deux versions ont été relevées provoquant une absence de clarté. Nous ne pouvons pas parler, dans ce cadre, d’un système moderne. Aussi, le point concernant l’emploi sous contrat, soulevé par le nouveau texte, vise à introduire une certaine flexibilité dans l’emploi dans la fonction publique. Ceci est en mesure de dénaturer la fonction publique fondée essentiellement sur la stabilité et la permanence. Nous refusons que l’Administration marocaine se transforme en un chantier du secteur privé. En plus, le principe de l’emploi sous contrat est en mesure de porter atteinte au principe de l’égalité des chances et de l’équité et de favoriser le clientélisme. Ainsi, nous souhaitons bien que le gouvernement nous associe à l’élaboration des décrets d’application relatifs à cette loi afin de remédier à certaines lacunes.

Que reprochez-vous au département de Saâd Al Alami ?
Etant donné que nous étions occupés des affaires organisationnelles, le ministère de la Modernisation des secteurs publics a profité de l’occasion pour faire passer le projet du statut fondamental de la fonction publique et d’autres statuts fondamentaux relatifs aux ordonnateurs, rédacteurs adjoints, administrateurs et techniciens. Ces statuts sont intégrés dans l’ordre du jour du dialogue social qui est déjà approuvé par le gouvernement. D’autant plus qu’ils ne sont pas prioritaires à nos yeux en tant que syndicalistes. Car, actuellement, ce qui importe le plus pour nous, c’est la promotion, un dossier qui connaît beaucoup d’injustice, et l’augmentation des salaires pour que l’on puisse préparer un cadre professionnel adéquat afin de se pencher sur une réforme intégrale du statut de la fonction publique et pour que la fonction publique devienne un élément de développement de notre pays. Et cet acte entrepris par le ministère de tutelle illustre bien le discours dénaturé du gouvernement qui prétend au principe de partenariat et de la négociation avec les partenaires sociaux et le rejet de nos revendications.

Comment voyez-vous ce nouveau texte par rapport à la perspective de la réforme de l’Administration ?
Le projet de loi actuel n’a pas abordé les grandes problématiques dont souffre le secteur de la fonction publique. Il n’est pas en phase avec son époque, il vit en autarcie et en marge des avancées de la société. Ce projet de loi est injuste et non démocratique. C’est pour cela que l’on considère que la question de la réforme administrative nécessite non pas de la précipitation, mais la sagesse et l’implication de tous les intervenants sociaux dans l’organisation d’une rencontre nationale évaluant et dressant le bilan de l’administration marocaine du point de sa législation, son fonctionnement et son rendement. Ceci pour pouvoir partager une même vision et par là activer une réforme profonde, et c’est là l’objet de notre constante lutte.

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