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Skouked : «les recalés sont jaloux»

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ALM : Des notaires stagiaires protestent contre les conditions peu «orthodoxes» des examens. Quelle est votre réaction ?
Nourreddine Skouked : Vous savez, c’est normal que ceux qui échouent protestent. Cela est valable pour tous les autres métiers et pas seulement pour le notariat. Sur les 370 notaires stagiaires qui ont passé l’examen, seuls 72 ont pu réussir cette épreuve. Pour les avocats, ce sont près de 1600 qui se sont présentés le jour de l’examen et c’est une poignée de 60 seulement qui a été sélectionnée. Chaque année, ils inventent des choses incroyables. C’est de la jalousie à l’égard de leurs collègues qui ont réussi. Il se trouve qu’on est en train de déverser cette jalousie sur les membres de la commission chargée des examens.

Que voulez-vous dire au juste ?
En effet, la plupart de ceux qui ont réussi sont issus de milieux socio-économiques modestes. Autrement dit, l’on ne peut parler d’argent qui a circulé lors de ces examens. Derrière ces rumeurs, je soupçonne même des notaires cherchant à devenir des membres de cette commission.
Dans mon étude, je veille à la formation de mes étudiants tout au long de l’année. Par ailleurs, le ministère de la Justice vient de diligenter une enquête en collaboration avec la police judiciaire. En effet, des lettres anonymes lui ont été également parvenues à propos de ces examens de notariat.

Des stagiaires accusent la commission chargée des examens de favoriser leurs étudiants au détriment des autres. Qu’en dites-vous ?
La commission juge la copie et non l’étudiant. La copie est anonyme et surtout fermée hermétiquement par les étudiants eux-mêmes.  Ces lettres non-signées posent la question de la crédibilité de leurs rédacteurs. Vous savez que, lors de chaque examen, ces stagiaires demandent des interventions auprès de certains procureurs du Roi et des généraux pour leur faciliter la tâche. Pour un examen rassemblant 400 étudiants, il faut compter 400 interventions ! Mais, nous, nous jugeons la copie. Le candidat doit «me pondre» un acte en bonne et due forme. Il faut la formule qu’il faut et non pas uniquement de la dissertation.

Vous êtes en train de rédiger une lettre à l’ensemble des notaires à propos de cette affaire. Quels en sont les axes majeurs ?
Effectivement, je me penche sur la rédaction d’une lettre que je vais adresser à l’ensemble des notaires. Ces lettres anonymes adressées à plusieurs personnes et dans divers domaines ternissent mes relations avec les professionnels de ce métier. On y parle de stagiaires recalés, de péchés capitaux, mais rien n’est vrai. Dans notre pays, le nombre des notaires est en train d’accroître. L’examen est un passage inévitable. Et tant pis pour ceux qui ne réussissent pas !
C’est en substance ce que je demande dans cette lettre aux notaires de faire savoir à leurs stagiaires. Désormais, les stagiaires qui colportent de telles rumeurs vont être exclus de la profession.

Votre métier est régi par une loi des plus archaïques qui stipule même que le notariat est une profession réservée exclusivement à des ressortissants de nationalité française. Comment expliquez-vous cela ?
Cette loi est certes archaïque, mais elle est extraordinaire. C’est vrai qu’elle date de 1925, mais elle est bien. Toutefois, cette disposition a été abrogée de fait et de droit depuis la proclamation de l’indépendance du Maroc. Par ailleurs, un notaire peut rédiger des actes aussi bien en langue française qu’en arabe. Aujourd’hui, nous sommes plus de 600 notaires au Maroc avec plus de 200 dans la seule ville de Casablanca.

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