En visite aux Etats-Unis, les 16 et 17 avril, pour assister à la réunion de printemps du FMI et de la Banque mondiale, Fathallah Oualalou a, entre deux allusions aux Objectifs de développement du millénaire, évoqué la situation économique du Maroc. Le ministre des Finances et de la Privatisation prenait part à la réunion que les ministres des Finances de la région de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient ont tenue avec leurs homologues du G-8 à Washington. Fatallah Oualalou a en outre participé à la 71e session du Comité de développement (CD), un comité ministériel conjoint du FMI et de la Banque mondiale dont le but est l’examen des transferts de ressources réelles vers les pays en développement.
Mais l’essentiel de cette visite de l’argentier du royaume au pays de l’Oncle Sam était consacrée aux assemblées du printemps des deux institutions de Bretton Woods, et surtout au fameux programme d’ajustement social, la «country assistance stratégie» qui sera mis en place pour le Maroc.
Le Royaume s’apprête dans ce cadre à accueillir une importante délégation de la Banque mondiale, pour la deuxième fois en l’espace de deux mois. Ce sera d’abord le 28 avril, pour un déjeuner restreint où sont conviées une vingtaine de personnalités marocaines, dont beaucoup d’opérateurs économiques, et le 29 pour une rencontre plus élargie. La rencontre qui n’a rien d’ordinaire, est déterminante à plusieurs titres.
L’enjeu pour la Banque mondiale, c’est de sonder les opérateurs marocains sur le processus des réformes en cours.
Pour Fathallah Oualalou, l’équation est par contre beaucoup plus simple. Il s’agit de définir les contours du plan d’ajustement structurel 2005-2009, lequel comporte une enveloppe financière proportionnelle à l’évaluation des besoins.
Si rien n’a filtré auprès du ministère des Finances et auprès des canaux officiels de la Banque mondiale à propos des négociations et des montants prévus pour accompagner le plan, en revanche les pronostics vont bon train auprès des opérateurs économiques. Le chiffre de 10 milliards de dirhams libellés sous forme de prêts serait accordé au Maroc pour appuyer les réformes prioritaires dans le domaine du social. En retour, le Maroc doit marcher sur un rythme de croissance du PIB de plus de 5% par an.
Samedi dernier, devant Christian Portman, le vice-président de la Banque mondiale chargé de la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord, celui-là même qui avait conduit la mission d’experts au Maroc et dans le Maghreb en février dernier, le ministre des Finances a insisté sur les résultats enregistrés par le Maroc en 2004 et ses perspectives d’évolution en 2005. La réforme de l’Administration publique et surtout du secteur financier, domaine où le Maroc n’a pas à rougir face aux pays de la région, et les équilibres macroéconomiques, ont été tour à tour évoqués.
Le ministre des Finances voudrait que le plan tienne en compte les efforts du Maroc dans la poursuite des réformes structurelles dans les domaines politique, économique et social.
Le rapport final de la Banque mondiale, en cours de rédaction, tiendra-t-il compte des arguments développés par le ministre marocain ? Oualalou voudrait que cette feuille de route soit conforme à la stratégie de développement et aux orientations générales retenues par le Maroc.
Le programme «Country Assistance Stratégy pour le Maroc vise trois objectifs : accélération des réformes structurelles, promouvoir la bonne gouvernance comme instrument de gestion de management et, précise un chef d’entreprise convié à la rencontre du 28, «lutter contre les dérapages».
Parmi les secteurs sociaux ciblés par ce plan quinquennal, l’Eau, la Santé et l’Education sont érigées en priorité. Ce dernier volet a déjà bénéficié d’un prêt de 80 millions de dollars dans le cadre du PARSEM (Programme d’appui à la réforme du système éducatif marocain).
La révision des systèmes de protection et de commercialisation qui régit certains secteurs comme l’agriculture est aussi souhaitée.
Lors de son passage au Maroc en février dernier, le vice-président de la Banque mondiale avait tenu des propos plutôt rassurants en déclarant que le programme de coopération a pour objectif la mise en place de conditions du développement durable et l’accompagnement des réformes sectorielles fondamentales engagées par le Maroc. En un mot, une bonne croissance du PIB, un relèvement conséquent de la courbe de l’emploi et la promotion du secteur primaire, lequel perd du terrain depuis quelques années aux dépens du tertiaire.
Rien à voir donc avec la fameuse politique d’ajustement structurelle de la période 1983-1993.