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Sur une population de 30 millions, à peine 800 l ont déjà fait

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Les Marocains, longtemps connus pour leur générosité, semblent ne plus l’être quand il est question de don d’organes. Ils restent frileux, réticents et très peu sensibilisés en la matière. Des milliers de patients vivent dans des souffrances atroces en attente d’un donneur. Selon les chiffres du ministère de la santé, nous sommes aujourd’hui à 0,4 donneurs par million d’habitants. Soit quatre fois moins qu’en Tunisie et 100 fois moins qu’en France! Qu’est-ce qui empêche les Marocains d’assimiler ce devoir moral et où en sommes-nous en la matière ? ALM dresse un état des lieux pour vous.
Le Maroc d’aujourd’hui vit une vraie transition épidémiologique dans la mesure où les maladies aiguës et transmissibles cèdent de plus en plus place à des maladies chroniques. Ces dernières nécessitant des traitements à vie et généralement très coûteux, la solution la plus adéquate pour y faire face reste la greffe d’organes qui nécessite, à son tour, qu’il y ait des donneurs. C’est en effet au niveau de ce point que les choses se compliquent. Mustapha Ramid, ministre de la justice, qui a fait de la promotion de don d’organes son cheval de bataille, fait état d’un constat alarmant. «En onze longues années, seules 800 personnes se sont inscrites sur les registres pour faire don de leurs organes, dont six seulement au niveau de Casablanca!».  
Les choses étant ce qu’elles sont, le nombre des greffes au Maroc reste largement en dessous des besoin épidémiologiques. D’après le ministre de la santé, Lhoussaine Louardi : «Nous disposons d’un arsenal juridique relatif au don d’organes, nous entreprenons de grands efforts au niveau de la formation des praticiens sur ce type d’intervention mais le nombre d’opérations de transplantation est encore minime au Maroc». En effet, en matière de don et de transplantation d’organes, le Royaume s’est doté pour une fois d’un cadre juridique irréprochable. Pour ce qui est de la Charia, le don d’organes est permis et même favorisé, mais ceci reste peu médiatisé et la mobilisation autour des sujets a longtemps été absente.
Par ailleurs, il faut souligner le prélèvement d’organe sur une personne en état de mort cérébrale est cantonné dans les établissements hospitaliers publics. La loi stipule dans ce sens que «quiconque effectue un prélèvement d’un organe humain dans un lieu autre qu’un hôpital public agréé est puni d’un emprisonnement de deux à cinq ans et d’une amende de 50.000 à 500.000 dirhams».
Comment donner son organe?
Pour ce qui est du don d’organe en étant vivant, la réglementation impose qu’il y ait un lien de parenté entre le donneur et le récepteur. Chose qui n’est pas toujours évidente et qui a fait que les professionnels de santé misent gros sur les dons à partir des donneurs en état de mort cérébrale afin de sauver un maximum de vies. D’ailleurs d’après l’OMS, on pourrait sauver jusqu’à huit vies grâce aux prélèvements d’un seul cadavre. Cette notion qui peut s’avérer difficile à assimiler est motivée par des considérations religieuses (voir encadré en p 5). Dans ce sens, des dispositions ont été mises sur pied pour réglementer le don d’organes. Les personnes qui veulent déclarer être en faveur d’un don d’organes après leur mort, ont à leur disposition un registre au niveau des tribunaux de première instance de la ville où ils résident. Si le donneur-candidat décide de revenir sur sa décision, la loi lui garantit cela. Il peut retirer son nom de la liste des donneurs à tout moment.
Un long chemin reste donc à parcourir. En attendant, des milliers de personnes souffrent mais survivent à l’espoir de recevoir l’un de ces dons !n

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