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Tempêtes à l’horizon

Comme pour le président américain, un orage se profile à l’horizon pour le chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar et son homologue britannique, Tony Blair. Un orage lourd de menaces, du moins, électorales. Avec leur soutien sans conditions au président américain Georges Bush dans sa détermination à détruire l’Irak coûte que coûte, MM Blair et Aznar vont à l’antithétique des aspirations de leurs nations respectives.
Les réactions contre la guerre en Irak, tant en Grande-Bretagne qu’en Espagne, ne se limitent plus aux manifestations et autres formes de protestations des citoyens. C’est la débandade au plus haut niveau qui fait la une des médias cette semaine. Clare Short, ministre délégué au Développement international, a annoncé dimanche soir sur la BBC qu’elle démissionnerait si la Grande-Bretagne participait à une guerre qui n’aurait pas l’aval de l’ONU. Elle a jugé «imprudente» la politique conduite par Tony Blair dans la crise irakienne. C’est la première fois qu’un haut membre du gouvernement menace de démissionner en relation avec le dossier irakien. Andrew Reed, un député travailliste (le parti de Tony Blair) attaché au ministère de l’Environnement avait auparavant annoncé qu’il quittait son poste, apparemment en signe de protestation sur la crise irakienne. Le mois dernier, 122 députés travaillistes avaient adopté une motion estimant que la nécessité d’une guerre n’était «pas prouvée». Ignorant l’intérêt malveillant que ces réactions ont suscité à son égard, le cabinet de Tony Blair s’est contenté d’assurer que Clare Short n’avait pas averti le Premier ministre avant de s’exprimer ainsi sur la BBC !!
Le Premier ministre espagnol José Maria Aznar a réaffirmé dans une interview publiée dimanche qu’il soutient Bush dans sa démarche belligérante. Même s’il paye le prix en terme de popularité de son soutien sans faille à la politique de Bush sur l’Irak, Aznar s’est rangé à l’idée que Saddam Hussein menace la sécurité des pays tels que l’Espagne et doit être désarmé par la force si nécessaire. Aznar est même allé plus loin en déclarant à l’hebdomadaire américain Newsweek que « L’Europe a une sorte de complexe de supériorité intellectuelle. Elle n’a pas une très haute opinion des présidents américains. Si le président est républicain, il a moins de valeur. S’il est républicain et texan, il a encore moins de valeur».
En Espagne, le soutien d’Aznar à Bush s’est avéré politiquement désastreux à l’approche des élections municipales de mai. Des millions de personnes sont descendues dans la rue pour manifester contre la guerre et les sondages montrent qu’une majorité d’Espagnols sont opposés à une action militaire. Le choix d’Aznar a également refroidi les relations de l’Espagne avec la France et l’Allemagne. Pour le Premier ministre espagnol, les motivations, intérêts et situations politiques de chacun doivent être respectées. Aux USA, les populations réclament à cor et à cri leur rejet de la guerre contre l’Irak. Plus encore. Jimmy Carter, l’ancien président démocrate élu en 1976 et qui a reçu le prix Nobel de la paix 2002, ne lésine pas sur les propos dans ce sens. « Même si notre sécurité nationale n’est pas directement menacée et malgré l’écrasante opposition de la plupart des peuples et des gouvernements dans le monde, les Etats-Unis semblent déterminés à se livrer à une action militaire et diplomatique qui est pratiquement sans précédent dans l’histoire des nations civilisées », a écrit M. Carter dans une tribune publiée dimanche par le New York Times. Et d’ajouter, « Dans le cas de l’Irak, il est évident que d’autres options claires que la guerre existent ». Le viol du cours naturel de l’Histoire risque de devenir le malheur de l’Amérique belliqueuse de Georges Busch, entraînant dans la mêlée d’autres nations qui bénéficiaient jusqu’à nos jours d’un certain prestige démocratique.

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