Devant la fédération de l’Energie où il était invité jeudi dernier sur le thèmes «Attractivité et Croissance», le ministre des Finances a passé en revue les exigences d’une bonne politique basée sur la discipline et les équilibres macroéconomiques. Présent à la conférence-débat, le président de la CGEM, Hassan Chami a de son côté, en réponse du berger à la bergère, insisté sur le mot «concret». Le patron des patrons a évoqué le secteur textile (200 000 collaborateurs et 3 milliards de dollars sur la balance commerciale), en rappelant le cas d’une multinationale britannique qui emploie 1 200 personnes au Maroc et dont les dirigeants, qu’il avait reçu dans son bureau, envisageaient l’éventualité de quitter le Maroc devenu peu attractif en termes de coûts et de main-d’oeuvre. Dans l’industrie des textiles, le Maroc s’est progressivement retrouvé à la queue du Peleton en termes d’attractivité. Aujourd’hui, bien que les mentalités aient changé et que l’AMITH ait changé de fusil d’épaule, tronquant la stratégie de revendication contre celle de l’action, des problèmes demeurent, en particulier, en ce qui concerne les nombreuses échéances de plus en plus rapprochées: suppression des quotas en 2005, abaissement des barrières douanières, adhésion de la Chine à l’OMC. Autant de bouleversements à attendre et dont aura à faire face un secteur déjà éprouvé. Et, tout compte fait, la pilule macroéconomique brandie par l’argentier du pays devant la fédération de l’Energie reste amère. L’appel de Salaheddine Mezouar, le nouveau président de l’AMITH, qui s’exprimait depuis Marrakech, pour un nécessaire examen des risques induits dans l’industrie par la libéralisation, sera-t-il entendu à temps ? Autrement, martèle le président de l’AMITH, on court vers la baisse de 18% de la production, la réduction du tiers des exportations et une perte d’environ 40 000 emplois d’ici 2010. De quoi, normalement, bousculer les tenants de l’implacable rigueur économique et d’un déficit moindre. En attendant, les professionnels du texile peuvent déjà savourer les baisses des coûts d’énergie annoncées par le ministre lors du discours d’ouverture du salon international des textiles à Marrakech et se réjouir par la même occasion de l’extension du régime d’exportateur à l’exportateur indirect.