"Le bateau n’est pas actuellement dans les eaux espagnoles", a dit à l’AFP le préfet des Canaries, José Segura.
Le navire "est maintenant à 400 milles au sud des Canaries (ndlr: soit au large de la Mauritanie) grâce à l’action des services espagnols", a-t-il précisé à la radio Cadena Ser.
M. Segura a en outre confirmé des informations de presse selon lesquelles des avions du sauvetage en mer et des patrouilleurs de la marine espagnole avaient surveillé ce bateau pendant plusieurs jours.
"C’est l’un des nombreux cas du genre, simplement on n’a pas fait tant de publicité autour des autres", a assuré le préfet.
Hormis cette brève déclaration, le mutisme officiel se poursuivait lundi sur cette affaire, la préfecture des Canaries, le ministère de la Défense, le ministère des Affaires étrangères et celui de l’Intérieur renvoyant les uns sur les autres pour toute information.
Un porte-parole du ministère de la Défense s’est borné à indiquer à l’AFP qu’une "corvette et un patrouilleur se trouvaient (lundi) à 200 milles (370 km) des Canaries et (constataient) que le navire ne se trouvait pas dans les eaux espagnoles". "Il y a aussi un avion de sauvetage en train de survoler la zone et les navires de la Marine sont en alerte pour le cas où un bateau aurait besoin d’aide humanitaire en haute mer", a ajouté ce porte-parole, affirmant ne pas savoir depuis quand ce dispositif était déployé ni si le bateau d’émigrants avait été dissuadé de s’approcher des côtes espagnoles.
Les médias locaux avaient annoncé dimanche que les autorités espagnoles avaient repéré un bateau avec à son bord 500 émigrants au sud des Canaries, ce que ni le ministère espagnol de la Défense ni la préfecture des Canaries n’avaient voulu confirmer.
L’origine du bateau serait le Sénégal, la Guinée ou le Sierra Leone, selon des sources citées notamment par le quotidien canarien El Dia.
Ce journal assurait lundi que le "navire négrier a mis le cap sur la Mauritanie" et que "la présence de la Marine a empêché son entrée dans les eaux espagnoles". Consigne avait été donnée aux militaires espagnols de ne laisser entrer le bateau dans les eaux espagnoles "sous aucun prétexte car il aurait alors fallu le prendre en charge", selon les sources proches du dossier citées par El Dia.
La pression migratoire qui s’exerçait jusqu’à 2005 sur le détroit de Gibraltar, les enclaves de Ceuta et Melilla et l’est de l’archipel des Canaries a été brutalement réduite par les efforts policiers conjugués de l’Espagne et du Maroc.
Depuis, le flux de l’émigration clandestine par voie maritime entre l’Afrique et l’Espagne s’est détourné vers de nouvelles routes, plus périlleuses, comme celles menant de Mauritanie, ou de pays situés encore plus au sud, vers les îles de l’ouest de l’archipel canarien. Des centaines de personnes se sont noyées depuis novembre 2005 en tentant ces traversées aux mains de mafias de passeurs, selon des estimations officielles espagnoles.
Les gardes-côtes mauritaniens ont retrouvé samedi soir au large de la Mauritanie vingt-cinq personnes faisant partie d’un groupe de 57 émigrants africains perdus en mer depuis 17 jours, dont deux sont morts et 30 portés disparus.