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Un bras de fer risqué

Le 23ème anniversaire de la révolution iranienne a été marqué par une manifestation massive anti-américaine à Téhéran, à laquelle plusieurs centaines de milliers de personnes ont participé, lundi 11 février, à Téhéran. Enveloppés dans des linceuls pour symboliser leur détermination à mourir en martyre en cas d’attaque américaine, ils ont manifesté, aux cris de «Mort à l’Amérique!», «A bas Bush !», et «A bas Powell !» . Des défilés similaires se sont également déroulés dans de nombreuses villes du pays. Des manifestations qui commémorant l’événement du renversement du Shah et de la prise du pouvoir par l’Ayatollah Khomeyni, mais qui étaient également l’occasion de condamner la récente déclaration de George Bush. Dans son discours sur l’état de l’union, le 29 janvier, le président de l’Etat U.S avait présenté le régime iranien comme partie intégrante d’un « axe du mal» mondial aux côtés de l’Irak et de la Corée du Nord. Des cibles potentielles de sa «guerre antiterroriste». Une mise en cause très mal accueillie par les réformateurs qui occupent la présidence, dominent le Parlement et s’efforcent de prendre le dessus sur les radicaux, qui contrôlent les appareils judiciaire et sécuritaire. Israël n’entendant pas être en reste apporte son grain de sel en affirmant, par la voix de son ministre de la Défense, Binyamin Ben Eliezer, que l’Iran aura la bombe nucléaire d’ici 2005. Tel-Aviv a également accusé l’Iran de vouloir créer un «deuxième front» avec le Hezbollah chiite au Liban. Téhéran venait juste de dénoncer la menace nucléaire d’Israël pour le Proche-Orient. Et c’est l’ambassadeur britannique récusé par Téhéran qui a fait les frais de la colère de l’Iran. En s’adressant à la foule, le président Mohammad Khatami, a affirmé que, si l’Iran est aujourd’hui menacé, c’est que «certains dirigeants» américains «se prennent pour les maîtres du monde et veulent que le reste du monde leur obéisse». «Nous espérons voir les dirigeants américains se réveiller et changer de politique et d’approche à l’égard de l’Iran », a-t-il poursuivi. De même, il a critiqué, dimanche, le budget militaire des Etats-Unis, « trop élevé » selon lui, et appelé «le monde à se rassembler autour d’une coalition de la paix plutôt que de la guerre».
Et d’ajouter que «ce partage stéréotypé du monde est très dangereux et expose la planète à une guerre dont le début est déterminé mais la fin indéterminée ». Pour sa part, le guide de la république islamique, l’Ayatollah Ali Khamenei, a affirmé que les agresseurs éventuels «regretteraient leur initiative». Téhéran, qui n’entretient pas de relations diplomatiques depuis 22 ans avec Washington, a exprimé, ces derniers jours déjà, plusieurs mises en garde virulentes à l’adresse des Etats-Unis à la suite des menaces brandies par le président Bush.
Parmi les autres griefs américains, une ingérence iranienne présumée en Afghanistan et une aide apportée à des fugitifs du réseau Al-Qaïda. Les Etats-Unis soulignent que dans l’entourage du guide spirituel iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, et des gardiens de la révolution certains avaient apporté leur aide pour l’armement et le financement de groupes en Afghanistan afin de décourager la coopération avec le gouvernement intérimaire. Le quotidien iranien Jam-e-Jam réagit en écrivant jeudi dernier que les Etats-Unis sont en train de construire une base d’espionnage dans la ville afghane Islam-Ghale, à 25 kilomètres de la ville frontalière iranienne de Taybad. Selon le journal, une autre base de ce type serait en cours de construction à Kandahar.
Pour faire face à une éventuelle attaque américaine, les dirigeants militaires iraniens ont affirmé à plusieurs reprises ces derniers jours que les forces armées étaient prêtes à repousser toute éventuelle attaque américaine contre l’iran. Les forces navales iraniennes ont «renforcé leur surveillance dans les eaux du Golfe» et contrôlent désormais le va-et-vient de tous les navires ainsi que les sous-marins dans le golfe persique. Plus, le vice-commandant des Pasdarans (gardiens de la révolution) Mohammad-Baghr Zolghadr, réputé conservateur, a même averti que si une attaque américaine interrompait les exportations de pétrole iranien, «aucun pétrole de la région» ne serait exporté. Saisissant la balle au bond, un groupe de vingt députés réformateurs ont critiqué le responsable militaire, en signant une pétition dans laquelle ils écrivent notamment que «certaines personnes prennent des positions irréfléchies qui nuisent sérieusement aux intérêts du pays».
La preuve que Téhéran veut laisser la porte ouverte au dialogue. Un dialogue pour lequel Washington, malgré toute agitation, se dit prête. Le secrétaire d’Etat Colin Powell ayant assuré mardi que «les Etats-Unis ne veulent que du bien» au peuple iranien. En souhaitant la victoire de l’aile réformatrice du pays sur la faction conservatrice.

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