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Un plan de relance sur mesure

Le 17 octobre prochain, le président de l’Amith, Karim Tazi apposera sa signature après celle du Premier ministre, en bas d’un document inspiré largement du plan Emergence et intitulé Plan de relance. Contrairement au contrat-programme signé, ce plan ne comporte pas de subventions, mais plutôt des mesures d’appui jugées salvatrices par la plupart des opérateurs interrogés par ALM. En gros, les opérateurs bénéficieront de facilitation douanière assortie d’une réforme tartifaire. Un traitement fiscal adapté est prévu pour les fournisseurs. Le volet assistance technique concerne quant à lui la logistique, de manière à réduire les coûts du transport.
Sur le plan financier, la révision du Foman (fonds de 100 millions de dirhams destiné à la mise à niveau) est à l’ordre du jour. Pour accompagner les investisseurs, l’Etat contribuera jusqu’à 20% des coûts pour les montants supérieurs à 200 millions de dirhams.
La promotion est désormais prise en compte. Une enveloppe  de 20 millions de dirhams par an sera débloquée jusqu’en 2010. Le coût de l’énergie sera revue à la baisse dans l’ordre de 12%, pourcentage qui n’est définitivement pas arrêté. Dans tous les cas, toute baisse à ce niveau sera du pain bénit pour le secteur. L’Energie est une composante importante du prix de revient notamment pour l’amont du textile. Le secteur en général est grevé par ailleurs par des coûts indirects, des taux bancaires élevés rendant indispensable la mise en place de lignes de crédit appropriées.
En gros, en signant ce plan, le gouvernement aura réussi à préserver l’essentiel : ne pas céder sur les charges sociales, en particulier les côtisations CNSS d’une part et, d’autre part, donner au secteur les moyens de la relance. C’est ce que pense l’industriel Moula Ratib, aujourd’hui à la tête de Fil Mode, conglomérat de 3 groupes  composé de  22 sociètés (6 000 emplois) toutes orientées vers l’export. Pour cet opérateur, la signature de ce plan de relance prouve que le gouvernement y croit encore. «Nous y croyons aussi, ajoute-t-il. Mais, il n’y a pas de secret, toutes les activités du secteur ne sont pas logées à la même enseigne, avec ou sans plan de relance». Des secteurs autrefois prospères sont rattrapés aujourd’hui par la concurrence. Tout ce qui est maille pure sans valeur ajoutée est condamné. «On peut commander de la Chine un million de tee-shirts à six mois d’avance et à moindre coût», conclut Ratib Moula.
Pour l’industriel Othman Sekkat qui rappelle que le secteur est en recul de 47% sur les importations depuis le début de l’année (conséquence des conditions climatiques en Europe ?), «il faut plus de mesures énergiques pour sauver le secteur».
Tous sont du reste convaincus que  l’avenir du secteur textile au Maroc est désormais dans le reassort et les métiers à forte valeur ajoutée. Cette activité représente 60% du chiffre d’affaires des centrales d’achat. Les trames survivront encore une bonne dizaine d’années selon les pronostics, temps nécessaire aux unités marocaines  pour se reconvertir dans les produits finis. A noter que la  position de M.Jettou, inflexible sur le volet CNSS, a été bien comprise par certains opérateurs. «C’est une excellente chose de ne pas toucher aux acquis sociaux à l’heure où l’on met en place l’Assurance maladie obligatoire», déclare un industriel qui requiert l’anonymat. Les côtisations CNSS ont constitué pendant longtemps le point de friction entre le Premier ministre et une certaine frange de l’Amith, qui a milité un temps pour le smig régional.
A court terme, l’application du plan de relance bénéficiera de l’effet ratification de l’accord de libre-échange avec la Turquie. Ne payant plus de droits de douane sur le tissu provenant du pays d’Attaturk, l’industrie marocaine gagnera en compétitivité dans le marché de l’Union Européenne. Ce n’est pas une utopie quand on sait que la Roumanie vient de relever son smig à 250 euros.
Dans les années à venir, l’effet intégration dans l’Union Européenne retirera les pays de l’Europe de l’Est du rang des concurrents du Maroc. Ajouté à cela, la ratification prévue d’ici le mois de juin 2006 au plus tard de l’accord de libre-échange avec les USA. Là, l’effet est direct, comme le rappelle-t-on auprès du Département du commerce. Le Maroc jouera pleinement son rôle de plate-forme entre les deux rives de l’Atlantique. Ce qui au vu des chiffres n’est pas une vue d’esprit. Les entreprises européennes  du textile sont taxées à 32,5% dans les ports américains, moins que les 48% de taux de douane appliqués aux chaussures. Les mêmes tickets d’entrée sont exigés des exportations américaines vers l’Europe. En s’installant au Maroc, les entreprises européennes et américaines annulent du coup la panoplie de ces taxes vers les USA et vers l’Europe. Des avantages à exploiter.

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