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« Une loi déformée »

ALM : Comment expliquez-vous votre vote contre le projet de Loi de finances ?
Saadeddine Elothmani : Vous savez que dès le début, on a fait savoir notre position quant à la loi de finances et le jour du vote; on n’a fait que concrétiser notre vision. Au fait, nous avons plusieurs griefs relatifs à ce projet.
Le premier d’ordre, général a trait au fait que le projet en question a été élaboré par l’ancien gouvernement et de ce fait il ne reflète pas vraiment la philosophie de la déclaration gouvernementale de M. Driss Jettou. Cette déclaration avait évoqué un certain nombre de chantiers et de priorités qu’on ne retrouve pas dans la loi de finances.
Mais au-delà de cette question d’ordre général, que contestez-vous au juste ?
Je dois d’abord dire que dans ce même plan, il y a une faille monumentale dans l’élaboration du projet. C’est un projet simpliste qui ne contient aucune mesure créative ou de renouveau. On ne voit pas comment on peut décoller avec un projet sans idées ambitieuses ni volonté affichée d’aller de l’avant. On ne voit pas comment le Maroc peut faire face à la mondialisation sans réforme radicale des systèmes bancaire, fiscal et administratif ? Sur ces trois grands pans, on est toujours géré avec des anciennes lois qui ne peuvent permettre au pays de voir clair. D’ici 2010, année de la libération du marché, il faut prendre les mesures à même de garantir un bon comportement des entreprises privées et publiques marocaines… Ce n’est malheureusement pas visible dans la loi de finances.
Vous considérez le budget de l’investissement en deçà des aspirations ?
Il faut dire qu’il s’agit d’une loi de finances déformée, souffrant d’une malformation grave caractérisée par la hausse du budget de fonctionnement au détriment de l’investissement. On a augmenté le nombre des fonctionnaires sans que l’infrastructure et les moyens leur permettant de faire correctement leur boulot ne suivent. On a recruté des médecins qui n’ont pas de moyens de travail. C’est un mauvais choix et une mauvaise manière d’élaborer un projet. De ce fait, il est clair que le volet social soit absent. Ce n’est pas la faute au ministre des Finances, c’est la déclaration gouvernementale qui a omis le volet social. On a toujours besoin d’un Etat régulateur, un État qui ne peut se désengager de tous les secteurs… Alors que le Maroc compte 20% de la population en dessous du seuil de la pauvreté, alors que les disparités régionales sont criardes, il est important que l’Etat continue de jouer son rôle de moteur de la machine économique…

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