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Une stratégie intégrée de sécurisation

La sécurisation des régions de la Chaouia / Ouardigha et du grand Casablanca contre les éventuelles inondations et la configuration d’une stratégie intégrée de l’eau exige une solution profonde. Elle doit être fondée sur la construction des infrastructures adéquates et la fabrication des fondamentaux appropriés à un système avantageux de l’économie de l’eau qui devra se prolonger vers l’arrière-pays, jusqu’au plateau phosphatier de Khouribga. Les sources qui alimentent ces régions exposées aux risques se situent entre Ben Ykhlef et El Goufaf dans le périmètre rural de Khouribga d’une part et, d’autre part, entre Ras El Ain et Ben Ahmed, dans le périmètre rural de Settat en plus des sources du bassin d’El Khatouat en amont de l’oued El Maleh.
Ces sources sont toutes situées entre cinq cents et neuf cents mètres d’altitude en amont du barrage, qui constitue une menace permanente depuis 1970, année où il devait être révisé et consolidé.
En effet, le versant naturel de ces sources est situé entre Mohammedia et Bouzouki où il faudrait construire une multitude de barrages collinaires sur les oueds Haçar, El Maleh et N’fifikh. Tout en effectuant des jonctions sur l’oued Tamlalt (entre le barrage de l’oued El Maleh et l’oued N’fifikh) d’une part et, d’autre part, sur l’oued Chaâba qui verse au sud de Sidi Hajjaj à quelques centaines de mètres de l’oued Haçar. Ce dernier a fait l’objet de levées topographiques en 1995 / 96, pour y projeter un barrage collinaire. À ce jour le projet dort dans les tiroirs de la commune rurale de Sidi Hajjaj qui relève de Sidi Bernoussi.
La mémoire collective enregistre les graves inondations de 1969, qui sont intervenues 40 ans après la construction du barrage de l’oued El Maleh en 1930, pour rappeler au gouvernement que la retenue est arrivée à son terme et qu’elle devait faire l’objet de curage et de profonde consolidation pour y prolonger le rôle sécuritaire et économique.
Juste après cette catastrophe – alerte, le gouvernement avait annoncé une série de mesures tendant à la consolidation des superstructures du barrage et le curage de la retenue affectée par l’envasement, la construction d’un canal d’évacuation d’urgence, entre le pont de la RP 1 et la mer, débouchant directement entre la SAMIR et le Royal Golf de Mohammedia, la déclaration de la zone marécageuse du delta en périmètre interdit aux constructions, La perspective du déménagement des dépôts pétroliers construits à même le lit de l’oued au niveau du pont portugais et la reconstruction du pont portugais avec le déménagement du douar Ghazouane exposé aux crues au même titre que douar El Hadj naissant au voisinage immédiat de la SAMIR.
Trente deux ans après les inondations de 1969, rien n’a été fait et ces solutions sont toujours actuelles. Le découpage territorial est l’origine première des inondations et du mal-développement de cette partie stratégique de l’axe Casablanca – Rabat. En effet, le fait d’amputer Mohammedia de son arrière-pays qui accueille le barrage est à l’origine de la discordance de la décision et des conflits de compétence territoriale entre communes. De ce fait, en faisant de Mohammedia une préfecture exclusivement urbaine, les découpages administratifs successifs ont marginalisé toute la région qui s’est ancrée dans le sous-développement et la pauvreté.
Aujourd’hui la problématique de l’eau et des inondations se prolonge à l’arrière-pays, au-delà du barrage. Il faudra prolonger la recherche de la solution aux sources des risques situées à plusieurs dizaines de kilomètres dans les bassins des M’dakra et des Ouardigha, avec la construction d’un barrage collinaire d’envergure, entre Ben Ahmed et El Gara, en amont de l’oued Haçar. Mais la solution profonde ne doit pas occulter l’importance nationale accordée à l’eau et son interférence avec la sécurité des gens, de l’environnement, de l’économie des ressources alimentaires et pour la contribution à la baisse des coûts de production des agriculteurs et des industriels. Aussi, la jonction naturelle entre les oueds El Maleh et Haçar au niveau de la cascade est un point névralgique, qui doit être mis à contribution, pour la construction des infrastructures intégrées de l’eau et de la sécurité de Mohammedia et de son parc des industries stratégiques.
Néanmoins, il est temps de dire que les découpages administratifs cessent de constituer des barrières, étant donné que la sécurité et le développement durable de ces régions sont tributaires de la complémentarité territoriale et de la totale coordination de la planification dans une optique unifiée de la décision intégrée.
Avec le site de Boukarkour, il est possible de construire une véritable plate-forme infra structurelle permettant la planification d’une stratégie interrégionale. Celle-ci générera l’économie de plusieurs milliards de mètres cube d’eau perdus de nos jours et qui constituent une véritable menace sur les vies humaines, les biens, les cultures et sur l’écosystème, les villes, les campagnes et l’économie régionale et nationale.
Aussi, la recherche de la solution profonde doit converger non seulement sur la sécurité générale contre les inondations, mais surtout elle doit permettre de construire la sécurité des réserves hydriques pour faire face aux éventuelles sécheresses.
Néanmoins, les profonds déficits dont souffre Mohammedia ne se limitent pas uniquement à l’hydraulique et au maritime, ils se prolongent sur les infrastructures de proximité et de l’environnement. En conséquence, le plan d’urgence de Mohammedia est à inscrire dans une mise à niveau générale pour réhabiliter la ville dans son rôle de locomotive de développement de toute la région profonde.
Pour que Mohammedia puisse reprendre son rôle dynamique, il est impératif de la rétablir dans ces territoires de l’ex-Fedala et la doter d’une agence du développement économique et social à l’instar des régions du nord et du sud, car un quart de siècle de marginalisation a bousculé la ville et sa région dans le sous-développement, la pauvreté et l’exclusion des programmes nationaux de développement, malgré les très forts potentiels économiques et naturels dont elle dispose et qui sont livrés à la mal- gestion et à l’incompétence des conseils municipaux qui s’y sont succédé depuis 1976.

• Mohammed El Ghachi
Chercheur indépendant

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